Histoire de l’usure

Usure est un mot qui a toujours eu mauvaise presse.

A notre époque, le taux d’usure désigne le taux maximum que peut avoir un prêt, un crédit. Et bien des banques et organismes de prêt et crédit conso comme CA Consumer Finance ou son équivalent BNP Personal Finance (via Cetelem, Cofidis et tous les neo organismes comme Crédit Cashper ou Younited Credit ) ont un taux réel ( quand on compte les frais fixes, les frais de dossier, les frais de retard, etc..) supérieur au taux d’usure (Cela permet d’ailleurs légalement de ne pas rembourser le crédit –> avez-vous remarqué que les gens qui ne remboursent pas ces crédits ne sont jamais attaqués en justice ? ).

Avant sa définition « moderne », l’usure a connu bien des aventures dans la langue et la pratique.

L’excellente émission de France Culture sur l’usure nous apprend tout ceci:

Résumé texte de l’émission:

Si l’usure désigne aujourd’hui un prêt à taux d’intérêt abusif, elle renvoie, à partir de la fin de l’Antiquité, à un ensemble de “mauvais” comportements économiques condamnés par l’Eglise catholique, car échappant à son contrôle. Interdite aux clercs au IVème siècle, l’usure est progressivement interdite aux laïcs à partir de l’époque carolingienne (IXème siècle). Cette interdiction est justifiée par des discours théologiques qui visent à influer sur le comportement des fidèles, et à maintenir leurs transactions dans les circuits économiques gérés par l’Eglise. On distingue alors les “bons” usuriers, participant à une économie vertueuse qui les mènera vers le salut, et une “mauvaise” usure, associée à l’avarice.

Plus que de condamner une pratique économique précise, l’interdiction de l’usure vise à sanctionner les tenants d’une économie alternative aux circuits économiques conventionnels. Ainsi, à partir du XIIème siècle, juristes et théologiens s’appliquent à définir la figure de l’usurier plutôt que les contours des pratiques usuraires. L’usurier prend alors le visage de ceux qui menacent l’autorité ecclésiastique : les opposants au pape, les hérétiques et les étrangers sont tour à tour qualifiés d’ “usuriers”, et passibles d’excommunication et d’expropriation. Comme le précise Clément Lenoble, c’est aussi à cette époque qu’on définit les contours des prêts à intérêt licites : « à la fin du XIIIe siècle, on est arrivé à une justification complète de l’intérêt dans les opérations de prêts par le fait que cet intérêt soit réinvesti dans des activités économiques jugées utiles au bien commun, jugées utiles pour la communauté ». Une stigmatisation, cependant, reste constante : celle des Juifs, usuriers par excellence selon la rhétorique chrétienne.

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