Les perspectives de rendement de l’assurance-vie s’assombrissent pour les épargnants. Après 2 années consécutives de hausse, la rémunération des fonds en euros devrait de nouveau baisser, en raison de la diminution de la pression inflationniste sur les compagnies d’assurances. Cette baisse pourrait se situer entre 0,1 et 0,2 % en moyenne, laissant ainsi les épargnants face à une rémunération probablement moins attractive que celle de 2023, qui était de 2,65 %.
La baisse de l’inflation, tombée à 1,2 % en octobre 2024, a en effet atténué la nécessité pour les assureurs de maintenir des taux élevés. En parallèle, d’autres facteurs contribuent à cet ajustement à la baisse. Le taux du livret A devrait être révisé à la baisse dès février 2025, passant de 3 % à 2,5 %. Cette diminution du taux du livret A, épargne populaire détenue par plus de 56 millions de Français, pourrait redonner un peu de marges aux compagnies d’assurances, rendant leur offre d’assurance-vie plus compétitive. Toutefois, la rémunération des fonds en euros devrait continuer à suivre la tendance du livret A.
Un autre élément à prendre en considération concerne la baisse des taux courts, qui impacte les placements concurrents de l’assurance-vie, tels que les comptes à terme. Même si les rendements des fonds en euros diminuent, la baisse générale de l’inflation permettrait à l’épargne de regagner en pouvoir d’achat. Pour les épargnants, cela signifie que le rendement net pourrait redevenir positif, contrairement aux années précédentes marquées par une inflation élevée érodant les gains.
Les fonds en euros devront toutefois compter sur les réserves constituées par les compagnies d’assurances. Ces réserves, qui représentaient récemment un matelas de précaution de plus de 70 milliards d’euros, ont permis aux assureurs de puiser environ 10 milliards pour maintenir une rémunération attractive. Cette même stratégie sera reconduite, mais avec une prudence accrue, notamment pour ne pas fragiliser les acteurs ayant constitué de faibles réserves, comme l’Afer. L’objectif est d’éviter une fuite massive des épargnants vers des produits plus rémunérateurs, ce qui pourrait mettre en danger la solidité de certains assureurs.
Du côté de l’immobilier, les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) traversent également une période difficile. La valeur des parts de plusieurs SCPI a chuté de façon significative, allant jusqu’à 39 % sur un an et demi, en raison de la dégringolade de l’immobilier tertiaire. La hausse des taux d’intérêt et l’essor du télétravail ont largement contribué à cette situation, affectant surtout les biens situés en périphérie de Paris, comme à La Défense ou à Saint-Ouen, où les loyers peinent à retrouver des niveaux satisfaisants. Cependant, quelques signaux positifs apparaissent sur le marché de l’immobilier parisien et dans certaines grandes villes européennes, où les prix commencent à se stabiliser. En outre, la logistique et l’hôtellerie montrent également des signes de reprise.
Face à ces incertitudes, les épargnants tendent à s’orienter vers des SCPI récentes, qui ont acquis des biens à des prix avantageux et ne sont pas plombées par un stock d’actifs dévalorisés. Ces SCPI affichent des rendements attractifs, parfois entre 7 % et 8 %, attirant les investisseurs (Comment trouver les meilleures SCPI ? ). En revanche, les SCPI plus anciennes et touchées par des baisses de valeur significatives continuent à souffrir, d’autant que de nombreux épargnants peinent à revendre leurs parts, faute d’acheteurs.
Globalement, la rentabilité des SCPI demeure inférieure à 5 %, mais pourrait redevenir intéressante si la tendance à la baisse des taux se confirme. Avec un livret A attendu à 2,5 %, les épargnants pourraient de nouveau considérer les SCPI comme une option viable, surtout en comparaison avec d’autres produits obligataires en perte de vitesse. Jonathan Dhiver, fondateur du site meilleurescpi.com, confirme que ces conditions de marché sont propices à un regain d’intérêt pour les SCPI.
Pour les compagnies d’assurances, la stratégie de relance passe également par la multiplication des offres promotionnelles, telles que la suppression des frais sur versement. En attirant de nouveaux capitaux, elles espèrent être en mesure d’acheter des obligations offrant de meilleurs rendements et ainsi améliorer la performance des fonds en euros. Cette stratégie, combinée à la stabilisation attendue des taux et à la baisse de l’inflation, pourrait contribuer à maintenir l’assurance-vie comme un placement attractif pour les épargnants français. Fin septembre 2024, l’encours de l’assurance-vie atteignait près de 2000 milliards d’euros, confirmant sa place prédominante dans les stratégies d’épargne des Français.