Le terme « néobanque » est de plus en plus utilisé dans le langage courant, mais qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
En France, le concept de néobanque est souvent présenté comme une alternative moderne aux banques traditionnelles, misant sur services entièrement numériques très pratiques.
Pourtant, derrière ce vernis technologique et marketing se cachent des réalités moins « attrayantes »sexy », tant du point de vue de la sécurité des clients que des services proposés.
Qu’est-ce qu’une néobanque ?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le terme « néobanque » n’a pas de définition légale. Il décrit des acteurs qui proposent des services bancaires à distance, via des applications mobiles, sans agences physiques. Les noms les plus connus incluent N26, Ma French Bank, Orange Bank, ou encore Aumax pour moi.
Beaucoup de ces néobanques ne sont que des marques issues de grands groupes financiers tels que BNP Paribas ou La Banque Postale. Leurs services sont souvent limités à des comptes courants basiques et des paiements, bien loin de l’offre globale des établissements traditionnels (Voir Quelles sont les meilleurs banques en ligne ? )
D’autres ne sont que des « agents prestataires de services de paiement », sans aucune des garanties des exigences qu’ont les vraies banques. Ce sont simplement des sociétés marketing.
L’opacité juridique des néobanques
Les néobanques, malgré leur présentation comme des alternatives innovantes, ne disposent donc pas toujours des agréments requis pour opérer en tant qu’établissement de crédit. Comme nous l’avons écrit plus haut, beaucoup d’entre elles fonctionnent sous la forme d’agents de paiement, ce qui implique des responsabilités plus limitées et un cadre réglementaire moins strict que celui imposé aux véritables banques. L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) a d’ailleurs publié dès le début de la vague des néobanques une note rappelant que l’utilisation du terme « banque » pour une entreprise non agréée est illégale. Cela pose question sur la transparence et la protection des consommateurs face à ces acteurs émergents.
Il est à noter d’ailleurs que les néobanques utilisent rarement elles-mêmes le terme de néobanques et laissent ou incitent leurs clients ou partenaires à l’utiliser.
Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme : un terrain fertile pour les néobanques
Les néobanques, en raison de leur flexibilité et de l’absence de vérifications rigoureuses qu’implique l’ouverture de comptes en ligne, sont plus vulnérables au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme (BC-FT). Selon le Comité d’Orientation de la Lutte Contre le Blanchiment et le Financement du Terrorisme (COLB), le manque de vigilance dans la procédure d’identification des clients rend ces acteurs bancaires plus enclins à faciliter des transactions illicites, comme les virements transfrontaliers et les crédits à la consommation octroyés de manière expéditive.
L’absence de contact physique et la facilité de création de comptes sont les failles qui rendent ces banques attrayantes pour ceux qui cherchent à contourner les mesures de contrôle financier. Certaines néobanques mettent par ailleurs en avant des produits comme les cryptoactifs, ajoutant une couche de risque supplémentaire au vu des problèmes de traçabilité inhérents à ces actifs.
Faillites et opacité financière des néobanques
Les néobanques se présentent souvent comme des symboles d’innovation et de modernité, mais leur solidité financière n’est pas toujours garantie. L’exemple de la faillite de Swoon, une néobanque française, est éloquent : des centaines d’épargnants se sont retrouvés sans leurs fonds, face à une procédure de liquidation où la priorité était avant tout de rembourser les créanciers institutionnels plutôt que les clients particuliers. Cela illustre bien le risque inhérent à l’absence de garantie des dépôts, comparable à celle des banques classiques.
Les utilisateurs doivent être conscients que la capacité d’une néobanque à se conformer aux exigences en matière de fonds propres est souvent bien inférieure à celle des établissements traditionnels. La réglementation imposant une certaine réserve de liquidité, pour faire face à une panique bancaire ou une vague de retraits, est moins stricte, voire inexistante, pour les néobanques.
En d’autres mots, en cas de faillite de ces simples sociétés ou en cas de crise, l’argent détenu sur le « compte » peut disparaître entièrement !
Faut-il se méfier des néobanques ?
Si les néobanques offrent des services apparemment plus simples et plus rapides, il est très important de comprendre les limites et les risques liés à ces établissements. Entre les lacunes réglementaires, les risques de compromission avec le terrorisme ou le trafic de drogue ou autre activité criminelle, et les faillites retentissantes, les utilisateurs doivent adopter une approche prudente. Avant de confier vos économies à une néobanque, renseignez-vous sur son statut juridique, son appartenance à un grand groupe, et sa capacité à protéger vos fonds.
Par ailleurs, gardez votre argent dans une VRAIE banque et limitez votre solde dans la néobanque au strict nécessaire pour vos opérations réalisées avec elle.