Obtenir un crédit professionnel n’a rien d’automatique. Même avec un projet solide ou une activité existante, les banques peuvent refuser un financement, notamment en cas de démarrage récent, d’absence de garanties ou de cotation jugée fragile. En 2024, 1 288 entrepreneurs ont saisi la médiation du crédit, preuve que cette situation reste fréquente… et qu’elle n’est pas une impasse.
Oui ! Une médiation existe aussi, pour les entrepreneurs, dans certains cas bien précis.
Pourquoi un prêt peut-il être refusé ?
Les causes de refus sont rarement formulées clairement, mais elles reposent généralement sur :
- une trésorerie insuffisante ou déséquilibrée,
- un niveau d’endettement trop élevé,
- une cotation Banque de France dégradée,
- l’absence de garanties solides (caution, nantissement, fonds propres),
- une activité jugée trop jeune ou instable (cas typique des freelances et autoentrepreneurs).
Un refus ne signifie pas que le projet est mauvais, mais que le niveau de risque perçu est jugé trop élevé à ce moment donné.
Réflexe n°1 : demander des explications écrites
Avant toute démarche, il est essentiel de demander une explication claire et chiffrée au conseiller bancaire. Cela vous permettra d’identifier le point bloquant (capacité de remboursement, fonds propres, business model) et d’évaluer si le refus est discutable ou justifié.
N’oubliez pas qu’avec les banques et tous les organismes et sociétés, SEULS les écrits comptes.. Les paroles s’envolent et n’engagent personne !
Réflexe n°2 : activer la médiation du crédit
Si le dialogue avec la banque est rompu ou stérile, vous pouvez saisir gratuitement la médiation du crédit, un service public porté par la Banque de France. Cette procédure, rapide et confidentielle, permet de :
- rouvrir un dialogue avec les banques,
- clarifier la situation financière réelle de l’entreprise,
- rechercher des solutions alternatives ou progressives,
- rééchelonner des dettes existantes.
En 2024, selon un rapport de la Banque de France, plus de 5 700 emplois ont été préservés grâce à ce dispositif, preuve de son efficacité concrète. Attention car le médiateur du crédit pour entreprises est spécialisé dans CES problèmes et ne s’occupe pas de TOUS les problèmes bancaires qu’ont les sociétés avec les banques !
Qui peut y recourir ?
La médiation est accessible à toute entreprise immatriculée en France (TPE, PME, artisan, profession libérale, association employeuse…) qui rencontre :
- un refus de prêt,
- un refus de renouvellement de découvert,
- un refus d’échéancier ou de rééchelonnement bancaire,
- ou un durcissement soudain des conditions de crédit.
Les autoentrepreneurs peuvent aussi en bénéficier s’ils ont une activité régulière et des flux bancaires professionnels identifiables. –>Voir aussi Comment emprunter quand on est en CDD, Interim ou Auto-entrepreneur ?
Comment faire concrètement ?
La démarche est simple et 100 % en ligne :
- Rendez-vous sur le portail du médiateur
- Remplissez le formulaire de saisine avec :
- votre SIREN/SIRET,
- le nom de la banque concernée,
- le type de difficulté rencontrée.
- Joignez vos derniers bilans ou justificatifs d’activité.
- Un médiateur vous rappelle dans les 48h pour valider la recevabilité du dossier.
L’instruction débute immédiatement si la demande est jugée fondée.
Que peut faire (ou pas) le médiateur ?
Il peut :
- organiser une réunion tripartite avec la banque,
- proposer des solutions progressives (partenariat, financement partiel),
- faire intervenir Bpifrance en garantie complémentaire.
Il ne peut pas :
- imposer un prêt à une banque privée,
- se substituer à une décision de gestion interne.
Mais dans plus de 60 % des cas, une solution est trouvée à l’amiable.
Cas concret : un freelance refusé pour absence de bilan
Olivier, développeur web en microentreprise depuis 18 mois, demande un prêt de 8 000 € pour s’équiper. La banque refuse au motif d’absence de bilan comptable. Après médiation, et présentation de ses justificatifs de chiffre d’affaires et de contrats signés, un financement partiel lui est finalement accordé, garanti à 50 % par Bpifrance.
Et après ? Rebondir et renforcer son dossier
Même en cas de nouvel échec, l’analyse du refus peut servir à renforcer votre projet :
- en apportant des garanties complémentaires (garantie personnelle, fonds propres, subventions),
- en améliorant votre prévisionnel (via un expert-comptable ou la CCI),
- en diversifiant vos sources (plateformes de prêt participatif, crédit coopératif, levée de fonds).
Des structures comme France Active, l’ADIE, ou certaines collectivités locales proposent aussi des microcrédits ou des prêts d’honneur pour les entrepreneurs sans garantie bancaire.
Un « non » de la banque ne doit pas clore le dossier. Grâce à la médiation du crédit, à des solutions d’accompagnement local, et à une meilleure présentation du projet, il est possible de transformer un refus en levier d’amélioration.