Le seuil de pauvreté en France est un indicateur clé pour évaluer la précarité financière. Selon l’INSEE, un individu ou un ménage est considéré comme pauvre lorsque ses revenus disponibles sont inférieurs à 60 % du niveau de vie médian de la population. Ce niveau médian s’établissait en 2022 à 24 330 euros annuels, soit environ 2 027 euros par mois. Par conséquent, le seuil de pauvreté pour une personne seule s’élevait en 2022 à 1 216 euros mensuels, soit environ 39 euros par jour.
Méthodes de calcul du seuil de pauvreté
La France utilise une mesure relative de la pauvreté, en comparaison au niveau de vie moyen de la population. Ce modèle se distingue de l’approche absolue pratiquée dans d’autres pays comme les États-Unis et le Canada, où le seuil est fixé en fonction des coûts des besoins essentiels (logement, nourriture, santé, etc.).
Pour tenir compte de la composition des ménages, l’INSEE applique une méthode basée sur les unités de consommation (UC) :
- 1 UC pour le premier adulte,
- 0,5 UC pour chaque personne supplémentaire âgée de plus de 14 ans,
- 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.
Ainsi, une famille avec deux enfants, dont un âgé de moins de 14 ans, dispose d’un seuil de pauvreté estimé à 2 797 euros par mois.
Situation actuelle et indicateurs associés
En 2022, 14,4 % de la population française, soit environ 9,1 millions de personnes, vivaient sous ce seuil de pauvreté. Certains groupes sont particulièrement touchés, notamment :
- Les chômeurs (35,3 %),
- Les travailleurs indépendants (18,3 %),
- Les retraités (10,8 %),
- Les familles monoparentales (31,4 %),
- Les immigrés (32,5 %, avec 37,5 % pour ceux nés en Afrique).
L’intensité de la pauvreté, qui mesure l’écart entre les revenus des pauvres et ce seuil, souligne encore plus les disparités sociales.
Impact des dépenses contraintes
Les dépenses obligatoires comme le logement, l’énergie ou l’eau absorbent 56 % des revenus des ménages pauvres. Après ces dépenses, certains doivent survivre avec moins de 9 euros par jour. Cette situation est exacerbée par l’inflation et la stagnation des prestations sociales.
Accès aux aides sociales et non-recours
Bien que les prestations sociales constituent la principale source de revenus pour de nombreux foyers précaires, l’accès à ces aides reste complexe. Environ 36 % des bénéficiaires potentiels du RSA n’en font pas la demande, souvent découragés par des démarches administratives dématérialisées et des critères d’éligibilité durcis.
Pauvreté en Europe et dans le monde
En comparaison avec ses voisins européens, la France présente un taux de pauvreté de 15,4 %, se plaçant devant l’Italie (18,9 %) et l’Espagne (20,2 %). À l’échelle mondiale, selon la Banque mondiale, environ 9 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, avec moins de 2,15 dollars par jour.
Conséquences de la crise sanitaire et économique
La crise sanitaire a aggravé la précarité, précipitant de nombreux ménages sous le seuil de pauvreté. Le premier confinement a entraîné une hausse de 45 % des demandes d’aide au Secours populaire. De plus, la précarité de l’emploi, en particulier dans les contrats courts et les temps partiels subis, maintient une partie de la population dans une situation d’insécurité financière.
Le seuil de pauvreté en France met en évidence des inégalités persistantes malgré un système social relativement protecteur. Entre l’augmentation des dépenses contraintes, la stagnation des revenus et l’accès difficile aux aides sociales, les ménages modestes subissent une pression économique croissante. Pour les sortir de cette spirale, une simplification des démarches administratives et une meilleure indexation des aides sociales sur l’inflation semblent incontournables.