En septembre 2025, une ordonnance française est venue bouleverser le paysage du crédit à la consommation. Officiellement, l’objectif est de mieux protéger les particuliers et de limiter le surendettement qui explose avec les mini-crédits instantanés et les paiements fractionnés en ligne. Mais derrière cette réforme, il faut lire entre les lignes : les banques et les organismes de crédit devront s’adapter, tandis que les consommateurs devront redoubler de vigilance face à des pratiques commerciales de plus en plus agressives.
Pourquoi une réforme du crédit en 2025 ?
Ces dernières années, les mini-crédits de quelques dizaines ou centaines d’euros, les paiements en 3 ou 4 fois sans frais, et les différés de paiement sont devenus la norme dans l’e-commerce. Présentés comme pratiques et indolores, ils conduisent pourtant un nombre croissant de ménages vers le surendettement. La directive européenne du 18 octobre 2023, désormais transposée en droit français par l’ordonnance du 3 septembre 2025, a voulu mettre un terme à cette zone grise en élargissant et en durcissant les règles.
Quels crédits sont désormais concernés ?
Le champ d’application du code de la consommation est élargi. Sont désormais inclus :
- les mini-crédits inférieurs à 200 euros, qui échappaient jusqu’ici à toute régulation sérieuse ;
- les crédits de moins de 3 mois avec frais négligeables, typiquement les paiements fractionnés ou différés ;
- les crédits de 75 000 à 100 000 euros, jusque-là hors champ de la directive ;
- les contrats de location avec option d’achat (LOA), très répandus dans l’automobile ;
- les crédits dits gratuits, sans frais ni intérêts, mais qui créent malgré tout une obligation de remboursement.
Autrement dit, presque toutes les formes de financement qui permettaient aux établissements de crédit de contourner les garde-fous légaux tombent désormais dans le filet réglementaire.
Obligations renforcées pour les prêteurs
La réforme impose aux organismes financiers de nouvelles contraintes :
- analyse de solvabilité plus stricte : les prêteurs pourront consulter, de façon facultative, le fichier national des incidents de remboursement (FICP) même pour des crédits de faible montant. Cela reste une option, et donc une faille, car rien n’oblige les acteurs les plus agressifs du marché à vérifier réellement la capacité de remboursement des clients.
- transparence contractuelle : pour les mini-crédits et crédits courts, le formalisme est allégé, mais l’information essentielle doit être fournie clairement. Les prêteurs devront présenter noir sur blanc les coûts et les obligations.
- encadrement de la publicité : toute communication mettant en avant la rapidité ou la facilité d’obtention est interdite. Exit les slogans du type « argent en 24h » ou « financement immédiat ».
- encadrement du numérique : l’usage d’algorithmes et de traitements automatisés dans l’octroi de crédit sera contrôlé, pour éviter des décisions opaques ou discriminatoires.
- droit à la renégociation : les prêteurs devront proposer des solutions de rééchelonnement aux clients en difficulté et les orienter gratuitement vers des services de conseil spécialisés dans le traitement du surendettement.
Droits renforcés pour les consommateurs
La directive transposée introduit également des protections supplémentaires pour les particuliers :
- droit de rétractation élargi : en cas de manquement du prêteur à ses obligations d’information, le délai de rétractation de l’emprunteur est allongé.
- remboursement anticipé : toute anticipation du remboursement doit désormais entraîner une réduction proportionnelle du coût du crédit, y compris les frais annexes imposés par le prêteur.
- vente liée crédit/assurance encadrée : les prêteurs ne pourront plus imposer leurs propres assurances en pack obligatoire avec le crédit.
Calendrier et application
L’ordonnance a été signée le 3 septembre 2025 et publiée au Journal officiel le 4 septembre. Mais attention : les nouvelles règles ne s’appliqueront qu’à partir du 20 novembre 2026. Jusqu’à cette date, les crédits en cours restent régis par l’ancien droit. Autrement dit, les acteurs du secteur disposent de plus d’un an pour ajuster leurs pratiques, et il serait naïf de croire qu’ils n’en profiteront pas pour maximiser leurs marges en attendant.
Ce que cela change concrètement pour vous ?
Si vous avez recours à un mini-crédit, un paiement fractionné ou un financement en ligne, attendez-vous à voir évoluer les conditions d’octroi et la documentation fournie. Les publicités devraient devenir moins aguicheuses, mais il ne faut pas se bercer d’illusions : le crédit facile restera vendu comme une solution miracle par des plateformes qui savent jouer sur l’impulsivité des consommateurs.
Le véritable changement viendra surtout du fait que tous ces crédits, même petits, seront officiellement encadrés par le code de la consommation. Cela vous donne plus de droits pour contester un abus, renégocier ou vous rétracter. Encore faut-il que les emprunteurs aient l’information et qu’ils osent s’en servir face à des établissements qui n’hésitent pas à exploiter les zones d’ombre.
En bref: : à partir de novembre 2026, plus aucun crédit, qu’il s’agisse d’un mini-prêt en ligne ou d’un paiement fractionné sur un site e-commerce, ne pourra échapper à la réglementation du crédit à la consommation. C’est une avancée pour la protection des particuliers, mais aussi une reconnaissance officielle de l’ampleur du problème : les crédits « anodins » sont devenus l’une des premières portes d’entrée vers le surendettement en France.