Budget 2026 : impôts en hausse pour les plus riches, dette record et croissance fragile – ce que prévoit le gouvernement

Présenté le 14 octobre 2025, le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 donne la feuille de route budgétaire de la France, dont on peut dire qu’elle est sous tension politique.

Entre croissance en berne, dette publique qui frôle 118 % du PIB et pression européenne pour ramener le déficit sous les 3 % d’ici 2029, le gouvernement tente un exercice d’équilibriste. Officiellement, il s’agit d’un “effort juste de chacun”. En pratique, le budget 2026 mêle hausses d’impôts ciblées, économies de fonctionnement et maintien d’investissements stratégiques, dans un climat d’incertitude économique prolongée.

Une croissance molle et un pouvoir d’achat en demi-teinte

Après une année 2024 jugée “résistante”, la croissance française devrait tomber à +0,7 % en 2025, puis remonter timidement à +1 % en 2026. L’économie mondiale, pénalisée par les nouvelles barrières commerciales américaines, ralentit elle aussi (+3 % en 2025, +2,9 % en 2026).
L’inflation, en net recul, atteindrait seulement +1,1 % en 2025 et +1,3 % en 2026, principalement grâce à la baisse des prix de l’électricité et du pétrole. Mais cette accalmie masque un autre problème : la consommation des ménages reste atone. Le taux d’épargne demeure très élevé (18,4 % en 2025, 17,8 % en 2026), signe d’une prudence persistante des Français, même face à des revenus réels en légère hausse.

Côté emploi, la situation se stabilise : le chômage reste à 7,5 %, les salaires progressent légèrement plus vite que l’inflation (+2,2 % en 2025, +2,4 % en 2026). Les entreprises, elles, continuent de freiner l’investissement, plombées par la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude politique.

Déficit public : vers un retour sous les 3 % du PIB… en 2029 seulement

Le déficit public atteindrait 5,4 % du PIB en 2025, contre 5,8 % en 2024, et passerait à 4,7 % en 2026. Cette amélioration reste modeste, mais elle est présentée comme la première étape du “redressement durable des comptes publics”.
Le gouvernement s’engage à respecter la trajectoire fixée par Bruxelles : une réduction progressive du déficit jusqu’à repasser sous la barre des 3 % en 2029. En parallèle, le ratio de dette publique continue de grimper : 115,9 % du PIB en 2025, 117,9 % en 2026. Autrement dit, la France vit toujours largement à crédit.

Pour éviter tout nouveau dérapage, un comité d’alerte des finances publiques a été créé en 2025. Il surveille les dépenses, propose des coupes en cours d’année et impose un système de “réserve de précaution” sur les budgets ministériels. En clair, certains crédits restent gelés tant que les objectifs ne sont pas atteints.

Impôts 2026 : une contribution “exceptionnelle” pour les plus riches

Le budget 2026 mise sur des hausses d’impôts ciblées, censées faire contribuer “ceux qui en ont les moyens”. En pratique, quelques milliers de contribuables fortunés et environ 400 grandes entreprises sont visés.
2 nouvelles mesures phares entrent en vigueur : une taxe sur le patrimoine financier logé dans les holdings patrimoniales, afin de taxer les capitaux “dormants” non soumis à l’impôt sur le revenu, et une contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus, prolongée pour 2026, qui s’ajoute à la contribution sur les hauts revenus déjà existante.

L’ensemble rapporterait 2,5 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent la prolongation partielle de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises (environ 450 groupes concernés) et une rationalisation des niches fiscales et sociales pour près de 5 milliards d’euros.

Autre réforme notable : l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite serait remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 € pour une personne seule et 4 000 € pour un couple, plus avantageux pour les petites retraites, moins pour les plus aisées.

En parallèle, le gouvernement entend relancer la baisse de la CVAE, l’un des impôts de production pesant sur les entreprises industrielles, avec un objectif de suppression totale d’ici 2028.

Enfin, une nouvelle taxe sur les petits colis importés hors d’Europe (moins de 150 €) sera instaurée : 2 € par article, une manière de freiner la concurrence des plateformes asiatiques tout en remplissant les caisses.

Dépenses publiques sous surveillance et aides recentrées

Malgré les hausses ciblées, le gouvernement promet une “maîtrise exemplaire” de la dépense publique. En 2026, le ratio de dépense (hors crédits d’impôt) devrait reculer à 56,4 % du PIB.
L’État réduit son “train de vie” : baisse des crédits ministériels (hors Défense), rationalisation des opérateurs publics, suppression de doublons et non-remplacement de 3 000 postes dans la fonction publique.

Les programmes jugés inefficaces sont revus. MaPrimeRénov’ est recentrée sur les logements les plus énergivores, tandis que les aides “par gestes” viseront la décarbonation. Le compte personnel de formation est restreint, et les subventions à certains organismes publics (comme les chambres de commerce ou de métiers) sont revues à la baisse.

La lutte contre la fraude, fiscale et sociale, est renforcée avec une taskforce interministérielle. Objectif : récupérer plusieurs milliards perdus chaque année, notamment via la fraude à la TVA et les prestations indues.

Priorité à la défense, à la sécurité et à l’éducation

Le budget 2026 affiche clairement ses priorités. Les ministères régaliens – Défense, Intérieur, Justice – voient leurs moyens augmenter.
La Défense obtient +6,7 milliards d’euros supplémentaires, portant son budget à 57,1 milliards. Cela finance la modernisation des armées, la cybersécurité et le renseignement.
Le ministère de l’Intérieur bénéficie de +1 600 emplois et de moyens accrus pour la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée.
La Justice voit ses effectifs croître de +1 600 postes, notamment dans les prisons et les juridictions.

L’éducation nationale et la recherche progressent de +0,4 milliard d’euros. Cela finance la réforme de la formation des enseignants et la création de près de 9 000 postes. L’enseignement supérieur reçoit des crédits pour la recherche nucléaire, la revalorisation des doctorants et la lutte contre la précarité étudiante.

Côté transition énergétique, l’État maintient ses ambitions, mais avec un financement plus sélectif : davantage de certificats d’économie d’énergie, moins de subventions directes.

Collectivités locales et outre-mer : contribution et soutien ciblé

Les collectivités territoriales, responsables d’environ 20 % de la dépense publique, participent elles aussi à l’effort budgétaire. Leurs dépenses de fonctionnement ne pourront progresser que de +2,4 milliards d’euros, mais leurs recettes augmenteront de +4,2 milliards, légèrement au-dessus de l’inflation.

Le dispositif de lissage DILICO, qui permet d’ajuster les recettes fiscales locales selon la conjoncture, est reconduit. En parallèle, l’État renforce la dotation pour la reconstruction de Mayotte après le cyclone Chido (près de 4 milliards d’euros sur sept ans) et prolonge sa garantie financière à la Nouvelle-Calédonie jusqu’à fin 2026.

Budget sous contrainte et sous surveillance européenne

Derrière la communication sur la “justice fiscale” et la “maîtrise de la dépense”, le PLF 2026 traduit surtout la pression des règles européennes. Bruxelles a replacé la France sous procédure de déficit excessif depuis 2024.
Pour en sortir, Paris doit prouver qu’elle respecte sa trajectoire de réduction du déficit, sous peine de sanctions. Le Haut Conseil des finances publiques a d’ailleurs activé le mécanisme de correction prévu par la loi organique : chaque écart doit désormais être compensé par des mesures correctives documentées.

Le vrai visage du budget 2026

Sous des airs de rigueur assumée, le budget 2026 cherche avant tout à rassurer les marchés et Bruxelles. Les grandes fortunes et les multinationales sont symboliquement mises à contribution, mais la dette continue d’enfler et les marges de manœuvre se réduisent.
Les ménages moyens, eux, restent pris entre un coût de la vie toujours élevé, des aides recentrées et une fiscalité à peine allégée.
En 2026, la France ne réduit pas encore sa dette : elle tente simplement de la contenir, en espérant que la croissance finisse par revenir.

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