Pourquoi Macron a-t-il renoncé et enterré la Banque de la Démocratie ?

Face aux difficultés de financement des partis politiques, notamment lors des campagnes électorales, le candidat à l’élection présidentielle Macron avait évoqué l’idée d’une banque de la Démocratie pour financer en toute transparence les partis politiques.

François Bayrou, éphémère ministre de la Justice, en avait fait son projet puis, en 2018, Nicole Belloubet en avait annoncé l’abandon.

A la base le problème est que les formations politiques n’arrivent pas à se financer correctement et de manière transparente.

Rappelons tout d’abord qu’en France, les sociétés ne peuvent pas financer les partis politiques. Seuls les particuliers peuvent financer les partis politiques dans la limite de 7500 euros par an.

Par ailleurs, quand un parti ou un candidat s’engagent dans une élections, ils doivent avancer beaucoup d’argent, avant de se faire rembourser (si ses résultats sont supérieurs à un niveau minimum). Les politiques ont donc besoin d’emprunter.

Si un particulier peut faire un prêt à une formation politique (avec de grosses contraintes), les sociétés ne peuvent le faire et ce sont donc comme dans la vie réelle les BANQUES qui doivent prêter aux formations politiques.

Mais la politique étant ce qu’elle est, sans garantie et avec beaucoup d’animosité, les banques rechignent de plus en plus à prêter de l’argent à des formations politiques. L’ex Front National, maintenant renommé Rassemblement National a beaucoup parlé de ce problème quand il n’a trouvé aucune banque et a finalement emprunté de l’argent à une obscure banque de l’Est, qui depuis a fait faillite et dont les empruts ont été récupérés par une non moins obscure société russe ..

Rappelons aussi que les partis politiques ne peuvent être financés par des organismes étrangers…  (Article 11-4 de la loi du 11 mars 1988 ).

Pour toutes ces raisons, la Banque de la Démocratie devait être fondée et utilisée pour le financement des partis politiques.

Et puis, en juillet 2018, dans l’indifférence générale et de manière surprenante, le projet a été abandonné.

Selon Nicole Belloubet, « La question de l’accès au crédit relève moins d’une absence d’offre bancaire que de questions d’informations et de délais qui peuvent être réglés par le médiateur du crédit qui a été créé par la loi confiance de 2017. La création de la banque ne faisait pas consensus et l’immixtion de l’Etat posait des problèmes de neutralité« .

Avec les élections européennes, les partis se retrouvent coincés (à l’exception du parti d’Emmanuel Macron bien sûr).

Les élections européennes sont importantes pour les partis car ils sont remboursés à partir de 3% de résultats (le plus bas taux de remboursement). Ces élections sont donc une véritable pompe à pognon.. sauf que si aucune banque ne prête, il est compliqué d’avancer les frais.

On peut imaginer que face à la montée des nationalismes, Macron a trouvé là un moyen radical d’affaiblir ses opposants dans ce domaine car tout le monde sait bien que le résultat d’une élection est proportionnel au nombre de meeting et de mains serrées.

On peut aussi imaginer que le lobby bancaire, très attentif à ce que la politique ne reprenne pas le moindre pouvoir, trouve là le moyen d’orienter facilement les pantins qui seront au « pouvoir ».

Une fois de plus, ceux qui tiennent les cordons de la bourse gèrent le match…

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