La liquidation judiciaire de la néobanque Kard, spécialisée dans les comptes pour adolescents, plonge aujourd’hui des milliers de familles dans une situation inattendue : des comptes gelés, des retraits impossibles et une communication quasiment inexistante de la part de l’entreprise. Beaucoup de parents découvrent seulement maintenant que l’accès au compte de leur enfant est suspendu, alors que la fenêtre pour récupérer les fonds est déjà passée pour certains.
Dans un contexte où les néobanques (voir Néobanque, un terme et un contenu parfois douteux pour une simple société qui n’est pas une banque ) promettent simplicité, sécurité et transparence, cette affaire révèle à quel point le secteur reste fragile dès qu’un acteur ne suit pas une gouvernance financière rigoureuse. Elle met aussi en lumière les failles de l’administration dans le suivi des fintechs et l’opacité des procédures de liquidation, souvent méconnues du grand public.
Liquidation de Kard : ce qui s’est réellement passé
Placée en liquidation judiciaire le 11 septembre 2025, Kard – rebaptisée Kardly lors de sa reprise par THK Capital en 2024 – va cesser définitivement ses activités. Cette fintech française avait pourtant réussi à se faire une place sur le marché des services bancaires destinés aux mineurs depuis son lancement en 2019, notamment grâce à une application simple, un système de contrôle parental intuitif et une carte bancaire pensée pour l’apprentissage de la gestion d’argent.
Malgré cet engouement initial, Kard n’a jamais trouvé son modèle économique. Les coûts du “Banking-as-a-Service”, la densité de la concurrence (Pixpay, Vybe, Revolut, banques traditionnelles…) et l’incapacité de la société à atteindre une rentabilité durable ont pesé lourd.
Le coup de grâce est venu de la résiliation du partenariat avec Okali, la filiale du Crédit Agricole qui assurait la gestion des comptes et des paiements. La rupture, liée à des manquements aux obligations anti-blanchiment, a isolé Kard et rendu son activité intenable. Sans prestataire bancaire, une néobanque n’a tout simplement plus d’ossature technique pour fonctionner.
La défaillance a été actée par le tribunal de commerce d’Évreux, qui a prononcé la liquidation judiciaire en septembre. À partir de ce moment, un administrateur judiciaire a pris la main, et l’entreprise s’est retrouvée dans l’obligation de prévenir ses clients pour organiser le retrait des fonds avant fermeture.
Une communication bancale qui laisse les familles dans le flou
Sur le papier, Kard avait fixé une date limite au 11 novembre 2025 pour permettre aux clients de retirer leur argent ou de transférer leur solde vers un autre compte. En théorie, une seconde date limite administrative courait jusqu’au 16 novembre.
Dans la pratique, les alertes dans l’application n’auraient été poussées que le… 19 novembre, soit après l’expiration du délai de retrait. Certains clients affirment n’avoir reçu qu’un email daté du 29 septembre, sans autres notifications, ni rappels via l’application, ni suivi individualisé.
Résultat : des milliers de comptes d’adolescents ont été gelés sans avertissement clair. Pour beaucoup de familles, l’argent bloqué servait à financer des dépenses quotidiennes : titres de transport, cantine, activités sportives ou tout simplement l’argent de poche sécurisé. Lorsque l’accès disparaît du jour au lendemain, c’est plus qu’un simple désagrément.
Ce manque de communication interroge. Les services financiers destinés aux mineurs impliquent logiquement un devoir d’information renforcé : les parents ne peuvent pas deviner qu’une liquidation est en cours, encore moins que les délais sont si serrés. La situation génère un risque réputationnel pour tout le secteur des néobanques, déjà fragilisé par plusieurs faillites passées.
Comment récupérer les fonds encore disponibles sur son compte Kard ?
Pour les familles concernées, l’enjeu est désormais de comprendre comment récupérer l’argent encore enregistrée au nom de leur enfant. Officiellement, la procédure standard passait par l’application Kard, où un module de demande de remboursement avait été activé.
Mais face aux nombreux blocages techniques, l’administrateur judiciaire a prévu une alternative par email.
La démarche actuelle la plus efficace consiste à envoyer un message à l’adresse suivante : hello@kard.eu
