Les conseillers financiers doivent désormais interroger leurs clients sur leurs préférences en matière de « durabilité« .
Ce terme, bien que souvent vague, recouvre des aspects de plus en plus « populaires » dans le monde des placements financiers.
D’après l’Autorité des marchés financiers (AMF), s’intéresser à la durabilité d’un placement, c’est prendre en compte non seulement son rendement potentiel, mais aussi ses conséquences environnementales, sociales, le respect des droits de l’homme et la lutte contre la corruption.
Quelle blague quand on vérifie dans quoi investissent les banques et à la base de QUOI est fait le métier de banquier.. Sans doute qu’emm.. un petit client pour 20 euros de découvert y est considéré comme « durable » …
Ce changement de paradigme, qui vise à intégrer des critères extra-financiers appelés ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), est officiellement (ne riez pas) une tentative de rediriger les investissements vers des choix plus responsables.
Et les Français, bien gogos comme d’habitude, semblent plutôt ouverts à cette idée : un sondage de l’AMF révèle que 75 % des répondants estiment que l’impact des placements sur l’environnement est une question importante.
En complément des objectifs habituels de l’investisseur, qu’il s’agisse de préparer sa retraite ou de constituer un apport pour un futur achat immobilier, les conseillers doivent désormais intégrer ces préoccupations extra-financières. Cette obligation, en vigueur depuis août 2022 pour les réseaux bancaires, reste cependant peu appliquée dans les faits (Tiens donc ! Les conseillers bancaires seraient moins hypocrites que leurs directions) ..
D’après des visites mystères menées récemment par l’AMF, les préférences de durabilité ne sont abordées que dans un rendez-vous sur deux. Pourquoi une telle absence de rigueur ? En partie parce que la réglementation elle-même est une véritable « usine à gaz » avec son jargon et ses exigences peu accessibles au commun des mortels.
Un questionnaire technique qui complique la « durabilité »
Le questionnaire sur la durabilité diffère selon les établissements, mais il doit au moins aborder des notions aussi complexes que la « taxonomie« , la « réglementation SFDR » et les « PAI » (Principales Incidences Négatives).
La taxonomie est un système de classification des activités économiques suivant 6 objectifs environnementaux, incluant la protection de la biodiversité ou la réduction de la pollution. Pour qu’une activité soit conforme à cette taxonomie, elle doit contribuer de manière significative à un de ces objectifs sans nuire aux cinq autres. La réglementation SFDR, quant à elle, classe les fonds selon leur niveau d’intégration des critères ESG. On distingue ainsi les fonds dits « article 6 », qui ne tiennent pas compte de ces critères, les « article 8 », qui incluent des critères extra-financiers, et les « article 9 », qui visent explicitement un objectif d’investissement durable. Enfin, les PAI évaluent les impacts négatifs d’un investissement sur l’environnement et la société.
Grâce à ce questionnaire, l’épargnant est censé fixer dans quelle mesure il souhaite que ses placements respectent ces critères. À partir de ces réponses, le conseiller financier doit adapter sa recommandation et orienter l’investisseur vers des produits adéquats. Mais la réalité est souvent plus nuancée, et ce n’est pas sans poser des difficultés. Nombre de conseillers, souvent mal formés à ces questions complexes, peinent à expliquer ces concepts à leurs clients, augmentant ainsi le risque de recommandations inadéquates.
Une offre.. bof..
L’autre grand problème, c’est l’offre de produits elle-même. Actuellement, peu de fonds sont capables de concilier un profil d’investissement prudent avec des objectifs de durabilité clairement définis. Le manque de lisibilité des produits disponibles s’ajoute à cela, rendant difficile le choix pour les épargnants et pour les conseillers eux-mêmes. Il est également pointé du doigt que les règles existantes sont sujettes à interprétation, laissant parfois les clients dans l’illusion d’un engagement durable qui, en pratique, reste très relatif. Cette ambiguïté crée de la déception, notamment chez ceux qui souhaitaient investir de manière significative pour « l’avenir de la planète » qui se résume souvent dans les placements à « No Futur »
Les autorités européennes ont bien conscience de ces lacunes. Des efforts sont en cours pour harmoniser les différentes réglementations et rendre le cadre plus clair, tant pour les conseillers que pour les investisseurs. L’objectif est de gagner en transparence et en efficacité afin de permettre aux épargnants de réellement comprendre dans quoi ils investissent. Mais, en attendant ces améliorations, l’offre de placements dits « durables » demeure restreinte et souvent confuse, ce qui limite la capacité des conseillers à répondre aux attentes de leurs clients.
Vers de la cohérence réglementaire ?
Pour améliorer la situation, les régulateurs européens travaillent à apporter davantage de cohérence aux différentes législations en vigueur. L’idée est de clarifier la multitude de termes techniques et de simplifier les démarches pour tous les acteurs. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra espérer voir la durabilité devenir une norme véritablement intégrée au sein des portefeuilles des particuliers. Mais en l’état actuel, le parcours et les notions restent flous, tant pour les conseillers que pour les épargnants qui, en quête de sens et de transparence, se heurtent à un mur de complexité.