En principe et en première approche, la dette (que ce soit d’un pays, d’une entreprise ou d’une personne) est un problème.
De prime abord, personne n’aime DEVOIR de l’argent à quelqu’un, à un organisme.
Quand on doit de l’argent, on fait des efforts pour le rembourser à moins d’être un voleur ou quelqu’un sans parole mais dans la réalité de l’économie des sociétés et des pays, la dette n’est pas la même chose que les dettes d’un particulier.
C’est encore pire quand l’emprunt, la dette sert à financer autre chose que de l’investissement comme par exemple des vacances pour une personne (à la différence d’immobilier ou à la limite de voiture pour aller travailler) ou du BFR (besoin de fonds de roulement) pour une entreprise plutôt qu’une nouvelle machine. Pour un pays, quand la dette sert à financer .. la dette ou les dépenses courantes, ça fait peur..
Depuis quelques temps, une musique lancinante voue la France au gémonies à cause de sa dette. La France serait au bord de la catastrophe à cause de sa dette et elle n’aurait plus de marge de manœuvre. Cette musique funèbre a empiré depuis que la loi de finances n’a pu être votée à cause de la censure votée par LFI et le RN.
Le journal Le Monde a interviewé 2 personnes très calées dans ce domaine et ce qu’elles disent à propos de la dette de la France est un peu différent du message alarmiste.
Une partie des économistes plaide pour la stabilisation de la dette publique afin d’éviter des scénarios à risque, comme une hausse des taux d’intérêt exigée par les créanciers ou une perte de crédibilité de la France sur les marchés financiers.
Ces tenants de la « stabilisation » estiment qu’il faut contenir la dette publique à un niveau gérable, par exemple en stabilisant son ratio au PIB. Laisser la dette augmenter indéfiniment pourrait mener à des interventions extérieures contraignantes, comme celles du Fonds monétaire international ou de la Banque centrale européenne (BCE). En d’autres mots, ces organismes (a priori la BCE dans le cas de la France) contraindraient le pays à des réformes AVANT d’intervenir.
D’autres économistes minimisent carrément les risques liés à la dette publique. Ils indiquent que les taux d’intérêt réels actuels permettent une stabilisation naturelle de la dette, même à des niveaux élevés comme 150 % du PIB. Ils relativisent également l’importance de ce ratio, en soulignant que la dette publique représente à peine plus d’une année de PIB et que le patrimoine national équivaut à plusieurs années de PIB. Par ailleurs, ils rappellent que tant que le taux d’intérêt est inférieur à la croissance ou à l’inflation, il n’est pas un problème (Eternel exemple des gens qui ont emprunté dans les années 70 et en fait n’ont rien payé puisque l’inflation était supérieure ).
Et surtout, ils rappellent qu’il y a d’autres risques plus pressants, comme le changement climatique ou les tensions géopolitiques. A noter également le fameux « too big to fail » relatif à la France dont les taux d’emprunt sont toujours bien placés par rapport à d’autres pays (https://www.lafinancepourtous.com/2024/12/03/taux-demprunt-de-la-france-faut-il-sinquieter/ ).
Les économistes qui combattent cet optimisme, pensent que l’idée d’une stabilisation naturelle de la dette repose sur des hypothèses fragiles. Ils soulignent que si les taux d’intérêt venaient à dépasser durablement le taux de croissance, la France se retrouverait contrainte de dégager des excédents budgétaires importants, difficiles à obtenir sans réformes structurelles majeures.
Ils insistent sur la nécessité de consolider les finances publiques pour préserver la confiance des créanciers et éviter des crises de financement.
En tout état de cause, la BCE est comme un filet de sécurité en cas de tensions sur les marchés financiers. Les inquiétudes liées à la dette publique sont souvent exagérées et influencées par des choix politiques, notamment au niveau européen.
Par ailleurs, comparer la France avec par exemple la Grèce ne tient pas à cause des différences structurelles importantes, notamment en termes d’endettement extérieur et de niveau d’épargne (le taux d’endettement de la France n’augmente pas de 15% par an et les Français ont de l’épargne).
Quid de la charge de la dette ?
En réalité, l’inflation réduit en réalité le coût réel de la dette, transformant celle-ci en un levier économique plutôt qu’un poids.
Le fameux « poids » de la dette quand on évoque qu’elle est le 1er poste de dépense de l’Etat ne veut en fait rien dire car cela ne signifie pas que cet argent serait disponible pour autre chose. D’autre part, son coût réel (corrigé par l’inflation) n’est pas pris en compte comptablement notamment à cause de l’inflation.
D’un autre côté, une inflation mal maîtrisée pourrait entraîner des hausses de taux d’intérêt et compliquer davantage la gestion de la dette.
Quel effort pour stabiliser la dette ?
On estime que cela nécessiterait environ 120 à 150 milliards d’euros, impliquant des choix difficiles, comme la réduction des prestations sociales ou l’augmentation modérée des prélèvements obligatoires. Mais on peut considérer que des objectifs budgétaires irréalistes risqueraient de nuire à la croissance économique.