Le 1er janvier 2023, 2 piliers de la banque de détail en France ont officiellement fusionné sur le plan juridique : la Société Générale, désormais connue sous le nom de SG, et le groupe Crédit du Nord, jusque-là sa filiale. Derrière cette opération présentée comme une simple rationalisation interne, les conséquences concrètes pour les clients du Crédit du Nord ont été nombreuses, durables et parfois sous-estimées.
Tout au long de l’année 2023, ces clients ont dû composer avec un changement de nom de banque, souvent un changement d’agence, mais surtout une modification complète de leurs coordonnées bancaires. Chaque compte a été doté d’un nouvel IBAN, accompagné de l’émission d’une nouvelle carte bancaire. Ces nouveaux identifiants sont devenus utilisables à partir de mai 2023, une fois la migration technique des comptes et des crédits éventuels vers les systèmes de la Société Générale finalisée.
Changement d’iban : ce que la banque a fait automatiquement… et ce qu’elle n’a pas fait
Dans ce type de fusion, les banques mettent en avant l’automatisation des démarches pour rassurer leurs clients. Sur le papier, SG devait effectivement informer un grand nombre d’organismes du changement d’IBAN. Cela concerne notamment les administrations publiques comme la direction générale des finances publiques pour les impôts, la CAF, la CPAM, mais aussi certains fournisseurs d’énergie ou opérateurs de télécommunications.
Dans la pratique, cette prise en charge n’a jamais été totale. Pour de nombreux créanciers privés, associations, employeurs, plateformes de paiement, organismes de crédit ou clients effectuant des virements réguliers, la mise à jour de l’IBAN restait à la charge du titulaire du compte. Autrement dit, une partie non négligeable du travail a été reportée sur les clients, avec le risque classique d’oubli ou de retard.
Et ce délai arrive à son terme. Les anciennes coordonnées bancaires issues du Crédit du Nord restent actives uniquement jusqu’au dimanche 30 juin. Passée cette date, elles cessent d’être valables comme coordonnées de référence.
À partir du 1er juillet : que deviennent les virements et prélèvements ?
La question est simple et elle inquiète légitimement de nombreux clients : que se passe-t-il à compter du lundi 1er juillet si un créancier continue d’utiliser l’ancien IBAN ?
La position officielle de SG est claire sur le principe. Les anciens clients du Crédit du Nord doivent impérativement communiquer leur nouvel IBAN à l’ensemble de leurs créanciers afin d’assurer la continuité des opérations. À défaut, le risque de rejet de prélèvement ou de virement devient bien réel.
La banque indique toutefois qu’une période de tolérance sera mise en place. Certaines opérations pourront encore être acceptées temporairement après le 1er juillet 2024, afin de permettre une transition progressive et d’éviter des incidents immédiats. Cette tolérance n’a cependant rien d’un droit garanti ni d’un dispositif pérenne. Elle vise uniquement à absorber les derniers ajustements, pas à remplacer une mise à jour formelle des coordonnées bancaires.
SG insiste également sur un point souvent négligé : le client reste responsable de vérifier que les virements entrants arrivent bien sur le nouveau compte. Toutes les informations nécessaires sont accessibles depuis l’espace client SG, et un conseiller peut être sollicité en cas de doute. Là encore, la banque renvoie la charge du contrôle final au client.
Et les chèques dans tout ça ?
Sur ce point précis, la situation est plus simple. Les chèques émis avec les anciennes coordonnées bancaires du Crédit du Nord continueront d’être acceptés après le 1er juillet, sans démarche particulière à effectuer.
Cette tolérance s’inscrit dans le cadre légal fixé par le Code monétaire et financier. Un chèque est valable pendant un an et huit jours à compter de sa date d’émission. Tant que ce délai n’est pas dépassé, il peut être encaissé normalement. Une fois ce délai expiré, le chèque devient juridiquement caduc et ne peut plus être présenté au paiement, quelle que soit la banque.
Ce qu’il faut retenir pour éviter les mauvaises surprises
Derrière le discours rassurant des banques, la fusion entre SG et le Crédit du Nord illustre une réalité bien connue : lors des grandes opérations bancaires, une partie des démarches est systématiquement transférée aux clients. Le changement d’IBAN n’échappe pas à cette logique.
À l’approche de la date butoir, il est indispensable de vérifier que tous les prélèvements récurrents, virements entrants, remboursements et versements réguliers utilisent bien le nouvel IBAN SG. Les incidents de paiement, frais de rejet ou retards de versement ne sont jamais pris en charge spontanément par la banque lorsqu’ils résultent d’une information non mise à jour.
Comme souvent en matière bancaire, l’automatisation promise a ses limites, et la vigilance reste la meilleure protection face aux effets secondaires d’une fusion décidée bien loin des préoccupations des clients.
Quelles banques où ? Quel nom pour le nouveau réseau ?
Dans le cadre de sa fusion avec le Crédit du Nord, la SG (Société Générale) crée 11 nouvelles marques qui ont pour nom « SG » suivi d’une dénomination régionale :
- SG Société Générale en Ile-de-France et en Corse (siège à Paris)
- SG Crédit du Nord (Lille)
- SG Grand-Ouest (Rennes)
- SG Grand-Est (Strasbourg)
- SG Tarneaud (Limoges)
- SG Auvergne Rhône Alpes (Lyon)
- SG Laydernier (Annecy)
- SG Sud-Ouest (Bordeaux)
- SG Courtois (Toulouse)
- SG SMC (Marseille)
La nouvelle SG garde les marques régionales historiques du groupe bancaire : le Crédit du Nord, mais aussi la Banque Tarneaud dans le Centre, la Banque Laydernier en Savoie, la Banque Courtois en Occitanie ou la Société Marseillaise de Crédit (SMC) dans le Sud-Est.
Non gardées par la Société Générale car trop petites, les banques Kolb et Nuger, implantés respectivement dans les Vosges et en Auvergne, vont disparaître.
