Quand on parle d’assurance-vie, on pense souvent à un placement sûr, rentable et simple. En réalité, la situation n’est pas aussi simple. Les contrats se sont complexifiés à l’extrême, truffés de frais invisibles qui grignotent lentement mais sûrement vos rendements. Voir à la base les frais de l’assurance-vie.
Traditionnellement, l’assurance-vie reposait sur des fonds en euros, très sécurisés. Le capital y était garanti, investi dans des obligations d’État ou d’entreprises de qualité, et l’épargnant percevait des intérêts chaque année. Aujourd’hui, ces fonds ne rapportent presque plus rien. En 2024, leur rendement moyen tourne autour de 2,5 %, soit à peine de quoi suivre l’inflation officielle.
Face à ces petits rendements, les compagnies d’assurance poussent à l’investissement en unités de compte (UC). Ces supports, investis en actions, immobilier ou fonds alternatifs, n’offrent aucune garantie sur le capital. Mais ils promettent des performances plus séduisantes… du moins en apparence.
Les UC représentent désormais près de 40 % des versements. On nous vend leur rentabilité supérieure : en 2023, elles ont affiché une performance moyenne de 7 %, toutes catégories confondues. Sauf que ce chiffre est avant frais. Une fois les multiples prélèvements appliqués, la rentabilité réelle fond comme neige au soleil.
L’idée est simple : pour doper leur chiffre d’affaires, les assureurs incitent à délaisser les fonds en euros pour des UC. Mais sans jamais détailler clairement la cascade de frais qui s’y accroche.
Signer un contrat d’assurance-vie, c’est accepter de subir une batterie de frais. D’abord, les frais sur versement : entre 2 % et 5 % du montant investi. Chaque dépôt est amputé dès le départ. Un versement de 10 000 € ? Vous commencez avec 9 700 € investis, dans le meilleur des cas.
Viennent ensuite les frais de gestion annuels, en moyenne entre 0,5 % et 1 %, parfois plus de 2 % pour certains contrats. Ce n’est pas tout : à chaque arbitrage, c’est-à-dire chaque mouvement entre deux supports, des frais spécifiques sont prélevés, de l’ordre de 0,5 % à 1 %. L’objectif pour les assureurs est clair : engranger le maximum sans que l’épargnant moyen n’y comprenne grand-chose.
Certains gestionnaires ajoutent même des frais supplémentaires lors de la gestion pilotée ou sous mandat, sous prétexte de rendre le contrat plus simple à suivre. Là encore, les frais ne sont jamais anodins.
Chaque unité de compte intègre ses propres frais internes, rarement détaillés lors de la souscription. Vous croyez avoir payé vos frais de gestion ? Faux. Derrière, chaque société de gestion prend encore sa part : frais de gestion propres aux supports, commissions de performance, frais d’arbitrage internes.
Les UC actions, par exemple, supportent en moyenne des frais de 1,98 %. Les UC obligataires tournent autour de 1,09 %. Le private equity, très en vogue, grimpe à 3,49 %, parfois même 5 % selon les fonds. Et encore, ces moyennes cachent de grosses disparités.
Pire : les supports immobiliers comme les SCPI, souvent mis en avant dans les contrats, ponctionnent parfois jusqu’à 12 % de frais d’entrée. Une hérésie pour un placement censé sécuriser votre épargne.
Les compagnies d’assurance et les distributeurs ne se contentent pas de prélever leurs frais visibles. Ils touchent aussi des rétro-commissions versées par les sociétés de gestion des fonds. Un système juteux qui pousse à privilégier les fonds les plus rentables pour les distributeurs… pas pour les assurés.
Pour comprendre la mécanique : les gestionnaires de contrats peuvent choisir entre 3 types de parts. Les parts « grand public » qui intègrent de lourdes rétrocessions (2 à 6 %), les parts « clean share » sans rétrocession (frais abaissés autour de 1,2 %), et enfin les parts institutionnelles encore moins chargées (environ 0,8 %). Bien entendu, dans la majorité des cas, les contrats d’assurance-vie proposés aux particuliers intègrent les parts les plus chargées.
Le gestionnaire qui devrait être votre allié se transforme ainsi en commercial intéressé.
Les compagnies d’assurance ne publient pas toujours spontanément la grille des frais détaillés. Certains sites Internet affichent un accès direct aux tableaux complets, mais pour beaucoup, il faudra chercher longtemps et négocier âprement pour les obtenir.
Pour ceux qui veulent vraiment connaître le coût de leur contrat, il faudra s’armer de patience, ou passer par un courtier indépendant qui pourra obtenir des informations plus précises.
Face aux abus, des initiatives commencent à émerger. En 2022, l’ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution) a poussé les compagnies à publier des plans de réduction des frais. En 2023, France Assureurs a lancé la recommandation « value for money » pour pousser à déréférencer les fonds trop coûteux et pas assez performants.
Les compagnies sont désormais obligées de justifier les frais supérieurs à la moyenne, mais en pratique, le tri est loin d’être rigoureux.
Certains fonds performants peuvent justifier des frais plus élevés. Mais dans la plupart des cas, cette excuse masque des marges confortables pour les assureurs.
Pour éviter de se faire plumer, quelques réflexes simples :
Un bon contrat d’assurance-vie, aujourd’hui, doit être scruté à la loupe. Les frais doivent être transparents, raisonnables, et surtout justifiés par des performances réelles.
Dans un univers où les marges arrière et les commissions cachées règnent en maître, l’épargnant averti doit redevenir méfiant. Et ne jamais oublier : dans la finance, la confiance n’exclut jamais le contrôle.
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