Alors que l’inflation semble enfin s’assagir, la France se distingue toujours par un niveau d’épargne hors normes selon le dernier rapport de la Banque de France. Ce comportement financier des ménages intrigue autant qu’il inquiète. Car derrière la prudence apparente se cache souvent une angoisse face à l’avenir, une perte de confiance dans les institutions et un système financier qui peine à canaliser cet argent vers l’investissement productif.
En 2024, l’encours des placements financiers a dépassé 6186 milliards d’euros , c’est-à-dire 2 fois la dette de la France. Les ménages français épargnent 18% de leurs revenus.
L’année 2024 s’est caractérisée par une détente des taux directeurs, avec 4 baisses successives ramenant le taux de la facilité de dépôt de 4,0 % à 3,0 %. Cette évolution aurait pu inciter les Français à puiser davantage dans leur épargne pour consommer ou investir. Il n’en a rien été. Bien au contraire, le niveau d’épargne reste élevé, alimenté par la peur de l’avenir et l’absence de placements jugés sûrs et rentables.
Le retour progressif de l’inflation dans des marges acceptables (1,8 % en France en décembre 2024, contre 2,8 % en janvier) n’a pas réussi à restaurer la confiance. Le climat d’incertitude reste prégnant, qu’il s’agisse des tensions géopolitiques, de la transition énergétique ou des réformes fiscales redoutées.
En décembre 2024, la production de crédits à l’habitat a pourtant atteint 11,6 milliards d’euros, son pic annuel. Le taux moyen des nouveaux prêts immobiliers est retombé à 3,3 %. Quant aux entreprises, elles ont pu bénéficier de taux autour de 4,2 %. La croissance des nouveaux crédits aux sociétés non financières a progressé de 2,0 %.
Mais cette reprise du crédit n’a pas suffi à drainer l’excès d’épargne des particuliers. En dépit d’une déflation progressive, de nombreux Français ont choisi de renforcer leur matelas de sécurité plutôt que de relancer leur consommation. Un choix compréhensible dans un contexte où plus de 4,3 millions de clients sont identifiés comme « fragiles financièrement », et où plus d’un million de personnes sont considérées comme éligibles à une offre bancaire spécifique pour les publics en difficulté.
Si l’on se penche sur la situation financière réelle des Français, le constat est contrasté : 134 803 dossiers de surendettement ont été déposés en 2024, en hausse de 10,8 % par rapport à l’année précédente. Cela signifie que malgré les niveaux d’épargne globaux records, une part significative de la population peine à faire face à ses obligations financières.
La Banque de France a déployé plusieurs dispositifs pour tenter d’y remédier : un espace en ligne pour les dirigeants d’entreprise, des correspondants départementaux pour les TPE/PME, ou encore la généralisation du passeport EDUCFI en classe de 4ème. Plus de 318 000 collégiens l’ont obtenu en 2024, avec un objectif de 750 000 par an.
Mais ces efforts de pédagogie, bien qu’essentiels, ne suffisent pas à restaurer la confiance dans un système bancaire perçu comme peu transparent, voire déséquilibré en faveur des grandes structures financières.
L’argent stocké sur les livrets, comptes à terme ou fonds euros de l’assurance-vie, génère peu de rendement réel. En 2024, avec un taux moyen d’inflation autour de 1,8 %, le livret A (3 % net) offre certes un rendement positif, mais en-deçà des besoins de financement de l’économie productive. Cette frilosité a des conséquences : sous-investissement dans l’économie réelle, difficultés de financement pour les TPE-PME, et ralentissement de la croissance.
Les chiffres dévoilés indiquent que la croissance du PIB français n’a atteint que +1,1 % en 2024, et devrait être encore plus modeste en 2025 (0,7 %). Si l’épargne restait mieux orientée, notamment vers l’économie verte ou les investissements industriels, elle pourrait être un levier de relance.
Non. Ce comportement traduit un réflexe de protection dans une société en quête de repères. La hausse des prix de l’énergie, les incertitudes liées à la retraite ou aux aides sociales, les scandales financiers passés… tout pousse les Français à se protéger.
Mais c’est au système financier, au pouvoir politique et aux régulateurs de proposer des alternatives sécurisées et utiles pour la collectivité. Faute de quoi, cette montagne d’épargne restera un capital délaissé, inutilisé, ou pire : grignoté par le temps.
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