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Comment transférer son PER vers un meilleur contrat sans se faire avoir ?

Depuis 2019, des millions de Français ont ouvert un Plan d’épargne retraite (PER) un peu dans l’urgence, souvent poussés par des conseillers bancaires plus motivés par les objectifs commerciaux que par les intérêts de leurs clients. Résultat : une grande partie des PER aujourd’hui détenus par les épargnants sont chers, mal gérés, peu transparents et rigides ET BEAUCOUP MOINS INTÉRESSANTS QU’UNE ASSURANCE-VIE CLASSIQUE !!

La bonne nouvelle, c’est qu’il est désormais possible de transférer son PER vers un contrat plus performant. Mais il ne faut pas le faire n’importe comment.

Pourquoi changer de PER maintenant

Au bout de 5 ans, le transfert d’un PER devient gratuit. Avant ce délai, les frais sont plafonnés à 1 %. Autrement dit, les personnes qui ont ouvert leur PER fin 2019 peuvent dès maintenant le transférer sans pénalité. Et elles auraient tort de ne pas le faire : les PER mis sur le marché à cette époque sont souvent les plus médiocres, avec des frais élevés, peu de flexibilité, et des performances en berne.

Les offres plus récentes, à l’inverse, proposent des frais réduits, une meilleure diversification des supports d’investissement, des options de gestion plus intelligentes et une ergonomie bien meilleure.

Avant de transférer, comprendre ce qu’on a ouvert

Beaucoup de Français ne savent même pas exactement quel type de PER ils détiennent. Il existe 3 types de compartiments dans un PER :

  1. Les versements volontaires (compartiment 1)
  2. L’épargne salariale (compartiment 2)
  3. Les cotisations obligatoires de l’employeur (compartiment 3)

Quand on transfère un PER, il faut que chaque compartiment soit reversé dans la case équivalente du nouveau contrat. Sinon, on risque de tout mélanger et de perdre des avantages fiscaux ou sociaux au passage. C’est encore plus vrai lorsqu’on transfère un PER collectif ou obligatoire mis en place par l’entreprise. Là aussi, chaque compartiment doit être transféré correctement.

Peut-on transférer n’importe quel PER ?

Un PER individuel (PERin) peut être transféré librement, à tout moment. C’est simple. En revanche, pour transférer un PER collectif (PERcol) ou un PER obligatoire (PERob), certaines conditions s’appliquent.

Si l’on a quitté l’entreprise dans laquelle on détenait le PERcol, le transfert est possible vers un PERin individuel. En revanche, pour un PERob, il faut impérativement avoir quitté l’entreprise. Sinon, le transfert est bloqué.

Il existe aussi une option peu connue : un salarié peut demander à transférer son PER collectif vers un PER individuel plus avantageux, même s’il est toujours en poste, à condition de respecter un délai de trois ans après l’adhésion. C’est une fenêtre de sortie prévue par la loi, mais que peu de gens utilisent faute d’information.

Comment choisir un nouveau PER sans se faire avoir

Un bon PER, ce n’est pas seulement une plateforme en ligne avec une appli ergonomique. Il faut aller voir dans le détail. Les critères importants sont :

  • Des frais réduits, aussi bien sur les versements que sur la gestion
  • Des supports d’investissement diversifiés : ETF, SCPI, actions, obligations, etc.
  • La possibilité de choisir entre gestion libre et gestion pilotée
  • Des profils de gestion adaptés à l’âge et à l’horizon de la retraite
  • Un bon fonds en euros si on veut sécuriser une partie de l’épargne

Beaucoup de PER vendus en agences bancaires sont truffés de frais invisibles et de fonds maison médiocres. Il faut se méfier des contrats dont le profil piloté est imposé par défaut et dont on ne peut pas sortir. Il faut aussi pouvoir accéder à la liste complète des fonds, avec leur historique de performance, leur composition et surtout leurs frais. Et il faut absolument éviter les plateformes qui empêchent de changer de mode de gestion ou de profil.

Procédure pour transférer son PER

Le processus est plus simple qu’on ne l’imagine. Il faut commencer par souscrire le nouveau PER choisi. Ensuite, il faut indiquer à ce nouvel assureur (ou courtier) qu’on souhaite transférer l’ancien contrat. Il vous demandera quelques documents : une pièce d’identité, éventuellement une attestation de transfert ou un relevé de situation du contrat d’origine.

À partir de là, c’est le nouvel assureur qui prend le relais. Il contacte l’ancien gestionnaire pour organiser le transfert des fonds. Celui-ci a alors quinze jours ouvrés pour clôturer le contrat et transférer l’épargne.

C’est rapide, mais attention : pendant ces quinze jours, l’argent peut être désinvesti. Cela signifie que si les marchés montent pendant cette période, vous perdez une partie de la performance. Il faut donc bien planifier le transfert.

Ce qu’on peut économiser en changeant

La différence entre un PER performant et un PER chargé de frais inutiles peut représenter plusieurs milliers d’euros. Exemple : un épargnant qui place 10 000 € sur un PER avec 0 % de frais d’entrée et 0,5 % de frais de gestion, gagnera en dix ans environ 40 000 € (avec une hypothèse de rendement net de 3 % par an). Le même placement avec 3 % de frais d’entrée et 1 % de frais de gestion ne rapportera que 12 000 € de plus-value. Sur vingt ans, l’écart grimpe à plus de 3 000 € en faveur du PER le moins chargé. Si le rendement est de 6 ou 8 %, les écarts deviennent spectaculaires.

Ce que les banques et assureurs ne vous diront pas

Beaucoup d’acteurs freinent volontairement les transferts. Soit ils rendent les démarches compliquées, soit ils jouent sur les délais. D’autres dissimulent les frais ou refusent de vous donner des informations détaillées sur les supports. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à interroger plusieurs prestataires avant de faire son choix, à exiger des documents écrits, et à refuser toute pression pour rester.

Changer de PER, ce n’est pas un luxe. C’est parfois la seule manière de ne pas perdre de l’argent pendant vingt ans. Les Français qui ont ouvert un PER à la va-vite ont aujourd’hui une opportunité de corriger le tir. Encore faut-il le faire avec méthode.

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