Usurpation d’identité bancaire : comprendre les risques et savoir s’en prémunir

L’usurpation d’identité bancaire n’est pas qu’une menace théorique ou réservée aux grandes entreprises. C’est une réalité quotidienne, insidieuse, qui peut ruiner une société ou piéger un particulier en quelques clics. Derrière une apparente sophistication, ces arnaques reposent sur des procédés redoutablement simples : falsification de documents, faux RIB, adresses e-mail truquées, manipulation psychologique… Et pourtant, elles passent encore sous les radars de bien des directions financières et services comptables.

Qu’appelle-t-on vraiment une usurpation d’identité bancaire ?

Usurper une identité, c’est se faire passer pour une autre personne afin de commettre des actes en son nom. Quand cette démarche touche à des données bancaires, elle vise à détourner de l’argent vers un compte frauduleux. Concrètement, le fraudeur exploite l’identité d’un collaborateur, d’un fournisseur ou même d’un dirigeant pour se faire virer des fonds. C’est un délit, puni par l’article 226-4-1 du code pénal : un an de prison et jusqu’à 15 000 euros d’amende. Et ce n’est que le volet pénal…

Comment les escrocs s’y prennent ?

Tout commence souvent par une collecte discrète d’informations : noms, e-mails, fonctions, habitudes de paiement. Les réseaux sociaux professionnels, les bases de données mal sécurisées et les échanges par mail sont des mines d’or pour eux. Ensuite vient la phase d’attaque, via différentes méthodes :

  • Phishing (ou hameçonnage) : un faux mail imitant celui d’un partenaire connu, demandant un paiement urgent.
  • Spoofing : un message envoyé depuis une adresse quasi identique à celle d’un contact de confiance.
  • Fraude au faux président (FOVI) : une personne se fait passer pour un dirigeant pour ordonner un virement « urgent et confidentiel ».
  • Fraude au faux fournisseur : un changement de coordonnées bancaires soi-disant envoyé par un prestataire régulier.
  • Fraude documentaire : contrefaçon de factures, falsification de contrats, RIB truqué, etc.

Chaque méthode repose sur un point commun : exploiter les failles humaines et organisationnelles. La digitalisation des procédures, si elle accélère les échanges, multiplie aussi les points d’entrée pour les arnaqueurs.

Signes d’alerte à ne jamais ignorer

Certains signaux doivent immédiatement éveiller la vigilance :

  • des relances pour des dettes ou factures dont vous n’avez jamais entendu parler ;
  • des e-mails suspects de fournisseurs inconnus ou inattendus ;
  • une relance pour un paiement déjà effectué ;
  • un virement inattendu visible sur un compte bancaire.

Autant de détails qui, isolés, peuvent sembler bénins mais qui, mis bout à bout, dessinent le schéma d’une fraude.

Conséquences possibles : bien plus qu’un simple préjudice financier

Pour les entreprises, les dégâts sont multiples : perte d’argent bien sûr, mais aussi perte de temps, d’énergie, d’efficacité interne, sans compter les possibles retombées judiciaires si la négligence est prouvée. La réputation de l’entreprise peut aussi en prendre un coup.

Côté fournisseurs, une fraude subie peut entraîner une interdiction bancaire, l’inscription au fichier central des chèques (FCC), et un effet domino auprès de tous les clients concernés. Une seule fraude peut contaminer toute une chaîne.

Que faire si votre identité bancaire a été usurpée ?

Réagir vite est essentiel. Voici les étapes à suivre sans attendre :

  1. Prévenez immédiatement toutes vos banques pour bloquer ou surveiller les comptes.
  2. Demandez un accès au FICOBA (le fichier national des comptes bancaires) pour repérer d’éventuels comptes ouverts à votre insu.
  3. Déposez plainte au commissariat ou à la gendarmerie, afin de lancer une enquête et, potentiellement, des poursuites judiciaires.

Plus vous agissez tôt, plus vous limitez les pertes et augmentez vos chances de retrouver les fonds.

Et surtout: déposez une « plainte »/signalement à la Banque de France !

Sur le site de la Banque de France, dans votre espace personnel (que vous pouvez facilement créer et auquel vous accès accès par France Numérique), dans « Demandes », il y a une option en cas d’usurpation d’identité. Il vous faudra absolument fournir les 3 documents indiqués ci-dessous pour que la demande soit prise en compte.

Usurpation d’identité bancaire  CBI: Crédit, Banques et Investissements
Demande à la Banque de France en cas dusurpation didentité

Effectuer cette démarche auprès de la Banque de France vous permettra d’éviter d’autres ennuis avec votre ou vos banque(s) qui ne pourront pas dire ensuite qu’elles n’étaient pas au courant (ce qui arrive souvent tellement elles font mal leur travail).

Se protéger contre l’usurpation d’identité : les bonnes pratiques

L’objectif n’est pas de vivre dans la paranoïa, mais d’installer des barrières solides. Voici les réflexes à adopter :

  • Protégez vos données personnelles : chiffrez, cloisonnez, ne laissez pas traîner les informations sensibles ;
  • Sécurisez vos outils numériques : antivirus, authentification à deux facteurs, mises à jour régulières ;
  • Filtrez l’accès aux comptes bancaires : ne multipliez pas les accès, segmentez les responsabilités.

Côté entreprise, cela passe aussi par un travail rigoureux sur la gestion des tiers. Toute modification de coordonnées bancaires doit faire l’objet d’un double contrôle : appel au numéro connu du fournisseur, comparaison avec les données historiques, etc.

Évitez les paiements en urgence ou sous pression. Refusez les validations manuelles non documentées. Organisez des formations régulières pour que vos équipes soient à jour sur les nouvelles méthodes de fraude.

L’intérêt de solutions automatisées de contrôle

Même les services financiers les mieux organisés peuvent flancher face à une attaque bien ficelée. D’où l’intérêt d’automatiser les contrôles de conformité des données bancaires grâce à des outils spécialisés. Ces plateformes analysent en temps réel les informations fournisseurs, détectent les anomalies, sécurisent les circuits de validation. Des prestataires comme Trustpair proposent ce type de solution, mais il en existe d’autres. L’important, c’est que l’outil choisi s’intègre à vos processus internes sans les complexifier davantage.

En résumé, l’usurpation d’identité bancaire n’est pas une escroquerie marginale. Elle touche toutes les structures, sans distinction de taille ou de secteur. Elle repose sur des techniques simples mais efficaces, souvent rendues possibles par une trop grande confiance dans les procédures existantes. Ne comptez pas sur le hasard pour vous protéger. Anticipez, formez vos collaborateurs si vous travaillez dans les services comptables ou financiers d’une entreprise, contrôlez, et surtout, ne vous laissez jamais surprendre par un mail pressant ou un soi-disant changement de coordonnées bancaires.

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