Derrière son image de finance vertueuse, la Nef reste pour beaucoup un ovni bancaire. Est-elle vraiment une banque comme les autres ? Oui, mais avec des spécificités majeures à connaître.
Contrairement à ce que certains peuvent penser, la Nef n’est pas une simple coopérative ou une structure associative. Elle dispose bien du statut d’établissement de crédit, agréé par la Banque centrale européenne (BCE) et placé sous le contrôle de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Ces 2 autorités de régulation, loin d’être laxistes, lui ont donné leur feu vert à l’été 2024 après près de deux ans d’examen approfondi.
Cette approbation marque aussi la fin de son adossement historique au Crédit Coopératif. Désormais indépendante, la Nef vole de ses propres ailes. Mais attention : son offre reste aujourd’hui limitée.
À l’heure actuelle, la Nef ne propose que des placements simples, sans risque et garantis : un livret d’épargne et un compte à terme. Pas de compte courant, pas de carte bancaire, pas de chéquier. Elle promet néanmoins l’arrivée prochaine de moyens de paiement et de comptes courants. Rien n’est encore effectif, et les délais restent flous.
Pour les épargnants, un point rassurant : la Nef est membre du Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR). En cas de faillite, les sommes déposées sont couvertes jusqu’à 100 000 euros par client et par établissement, comme dans n’importe quelle autre banque de détail française.
La Nef se distingue par son positionnement militant. Elle ne se contente pas de faire du greenwashing comme certaines grandes enseignes : elle a bâti son modèle sur une série d’engagements concrets, affichés noir sur blanc sur son site officiel.
Parmi eux :
En résumé, la Nef tente d’appliquer à la lettre ce que d’autres se contentent de promettre dans leurs publicités.
En France, très peu de banques adoptent ce modèle. Le seul acteur comparable, c’est le Crédit Coopératif, mais ce dernier reste une filiale du mastodonte BPCE, ce qui en limite l’indépendance stratégique.
La Nef, de son côté, reste un acteur autonome. Son audience est modeste, mais elle attire une clientèle en quête de cohérence entre ses valeurs et l’utilisation de son argent.
Il est vrai que l’histoire de la Nef croise celle de l’anthroposophie. Les 2 fondateurs de la coopérative, Jean-Pierre Bideau et Henri Nouyrit, étaient eux-mêmes proches de ce courant de pensée ésotérique né au début du XXe siècle sous l’impulsion de Rudolf Steiner.
Ce lien historique soulève parfois des soupçons, d’autant que certaines branches de l’anthroposophie (notamment dans l’éducation) sont surveillées de près par la Miviludes, l’organisme public chargé de détecter les dérives sectaires en France.
Mais la Nef s’en défend clairement. Elle rappelle que, comme d’autres banques éthiques en Europe, elle est née dans les années 80 de l’initiative de citoyens souhaitant redonner une fonction sociale à la finance. Elle reconnaît que la pensée de Steiner a pu inspirer certains fondateurs, notamment sur la dimension humaine de l’économie, mais nie toute affiliation ou influence directe du mouvement anthroposophique sur son fonctionnement ou sa stratégie.
La Nef est une vraie banque, avec un agrément en bonne et due forme, et un positionnement singulier sur le marché : celui d’un acteur éthique, transparent et engagé. Elle n’offre pas encore tous les services classiques attendus d’une banque de détail, mais son modèle attire une clientèle désireuse d’un autre usage de l’argent.
Il reste toutefois à voir si ses ambitions de développement (comptes courants, moyens de paiement) se concrétiseront dans un environnement bancaire ultra concurrentiel. Et si sa promesse éthique saura survivre à la croissance ou si comme toutes les banques, la Nef se transformera en système de pompage d’argent de ses clients…
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