Stablecoins : fonctionnement, intérêt, réglementation et risques en 2025

Alors que les cryptomonnaies attirent autant qu’elles inquiètent, un type bien particulier de jetons numériques tire son épingle du jeu : les Stablecoins. Leur succès explose aux États-Unis et commence à s’imposer en Europe, au point de bousculer les banques centrales. Mais que sont réellement ces actifs ? Sont-ils fiables ? Comment fonctionnent-ils ? Et surtout, à quoi faut-il s’attendre avec la nouvelle réglementation MiCA ?

Qu’est-ce qu’un Stablecoin et comment ça fonctionne

Un stablecoin est un jeton numérique conçu pour garder une valeur stable dans le temps. Contrairement aux cryptomonnaies classiques comme le Bitcoin ou l’Ethereum, très volatiles, le stablecoin est adossé à un actif externe, généralement une monnaie fiduciaire comme le dollar ou l’euro. Il fonctionne sur une blockchain, mais sans les montagnes russes du marché crypto.

Concrètement, chaque stablecoin en circulation doit être couvert par une réserve équivalente, détenue en cash ou en actifs très liquides. L’objectif est simple : pouvoir rembourser immédiatement tous les détenteurs en cas de demande. C’est ce qu’on appelle la « collatéralisation ».

Il existe 3 grandes familles de stablecoins :

  • Ceux adossés à des devises (le dollar pour l’immense majorité, parfois l’euro ou l’or),
  • Ceux adossés à d’autres cryptos (plus instables, moins utilisés),
  • Les algorithmiques (sans réserve réelle, ils ajustent leur offre en fonction de la demande).

Depuis juillet 2024, seuls les 2 premiers types sont autorisés dans l’Union européenne.

À quoi servent les stablecoins concrètement ?

Leur usage principal est de faciliter les transactions en cryptomonnaies tout en se protégeant de la volatilité. En clair, ils servent d’outil d’arbitrage ou de réserve de valeur temporaire. Mais ce n’est pas tout.

Un stablecoin permet aussi d’envoyer de l’argent à l’étranger instantanément, sans frais bancaires exorbitants ni délais liés aux jours ouvrables. En quelques minutes, vous pouvez transférer des dollars à New York ou des euros à Madrid, via une simple adresse de portefeuille numérique.

Autre avantage clé : l’absence d’intermédiaire. Plus besoin de passer par une banque ou une plateforme centralisée. Cela réduit drastiquement les frais de change et accélère la vitesse d’exécution.

Ce n’est donc pas un hasard si les stablecoins sont massivement utilisés dans les pays où les devises locales s’effondrent (Liban, Venezuela…), ou par les diasporas pour envoyer de l’argent à leurs proches.

Qui émet les stablecoins et comment

Les émetteurs de stablecoins sont souvent des entreprises privées, comme Tether (USDT) ou Circle (USDC). Pour garantir la stabilité, ces acteurs doivent constituer des réserves équivalentes au montant de tokens mis en circulation. Ces réserves doivent être déposées dans des établissements bancaires, en principe sûrs et européens si le stablecoin est destiné au marché européen.

L’émetteur doit aussi démontrer qu’il peut faire face à une ruée massive de retraits. C’est la logique d’un “banque-run” : si tous les détenteurs veulent convertir leurs jetons en monnaie réelle, l’émetteur doit pouvoir rembourser immédiatement.

Les frais de transaction sont quasi nuls

C’est là que le bât blesse pour les banques traditionnelles. Les stablecoins permettent d’effectuer des virements internationaux à très faible coût. Des solutions comme Arbitrum ou LayerZero permettent même de supprimer quasiment tous les frais. C’est simple, rapide, sans autorisation préalable, et toujours disponible, même les week-ends.

C’est une alternative puissante aux virements Swift et SEPA, qui restent coûteux et lents, surtout hors zone euro.

L’Europe impose un encadrement strict avec la réglementation MiCA

Face à la montée en puissance de ces outils financiers décentralisés, l’Union européenne a décidé de serrer la vis. Le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) est entré en vigueur pour les stablecoins le 30 juin 2024. Une période transitoire court jusqu’au 1er juillet 2026, date à laquelle tous les émetteurs devront avoir obtenu leur agrément officiel.

Ce règlement impose plusieurs contraintes :

  • Interdiction des stablecoins algorithmiques ;
  • Transparence totale sur les réserves ;
  • Obligation de localiser une partie des fonds dans des banques européennes ;
  • Limite de volume à 1 million de transactions par jour ou 200 millions d’euros, au-delà de quoi l’émetteur doit cesser d’émettre.

Cette dernière mesure est particulièrement contestée. Elle freine la croissance des stablecoins européens et protège de fait le monopole des banques centrales.

L’euro numérique : un stablecoin déguisé ?

La Banque centrale européenne n’a pas caché son intention de contrer les stablecoins privés en lançant son propre euro numérique. Prévu pour octobre 2025, ce projet reste cependant très éloigné de l’esprit crypto. Il ne sera ni décentralisé, ni anonyme, et les montants seront plafonnés à 3000 euros par utilisateur.

Plutôt que de s’appuyer sur les technologies déjà existantes et de réguler les stablecoins en euros, la BCE préfère créer sa propre solution… bancarisée. Une décision qui interroge, d’autant plus que l’Europe reste largement absente du marché des stablecoins en euros. Même la Société Générale, qui avait lancé un stablecoin euro via sa filiale Forge, s’est finalement tournée vers le dollar en 2025.

Les États-Unis avancent sur leur propre réglementation

Outre-Atlantique, les choses bougent aussi. Le Genius Act, récemment adopté par le Sénat américain, vise à encadrer juridiquement les émetteurs de stablecoins. Objectif : interdire les dérives (notamment les algorithmiques) tout en laissant de la marge de manœuvre aux acteurs privés.

L’approche américaine est plus pragmatique que celle de Bruxelles. Washington veut co-construire les règles avec les acteurs du marché. Il faut dire qu’avec 99 % des stablecoins mondiaux indexés sur le dollar, les États-Unis contrôlent déjà le terrain.

USDT et USDC : les deux géants du marché

Aujourd’hui, deux stablecoins dominent le marché : l’USDT de Tether et l’USDC de Circle. Le premier, bien que massivement utilisé, refuse de se soumettre à la réglementation MiCA. Résultat : il est désormais exclu des plateformes européennes depuis le 31 mars 2025. Seuls les transferts de portefeuille à portefeuille restent autorisés, mais l’achat ou la vente via un exchange est interdit.

USDC, de son côté, a choisi de se conformer et reste disponible en Europe. Une distinction qui pourrait, à terme, redessiner la carte mondiale des stablecoins.

Stablecoins et avenir de la finance

Les stablecoins ne sont pas une mode passagère. Ils incarnent une transformation en profondeur du système financier. Moins chers, plus rapides, plus accessibles, ils rendent obsolètes bien des services bancaires traditionnels.

Les autorités tentent de reprendre le contrôle, mais la dynamique est déjà lancée. La seule vraie question, désormais, c’est de savoir si les régulateurs accompagneront le mouvement ou continueront à le freiner au nom de la stabilité monétaire.

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