De plus en plus, le carry trade est accusé d’amplifier les soubresauts des bourses mondiales et d’alimenter la spirale du n’importe quoi.. Mais concrètement, qu’est-ce que c’est ?
Le carry trade est assez simple. Il s’agit de s’endetter dans une devise à faible taux d’intérêt et placer ces fonds empruntés dans une autre devise offrant un taux d’intérêt plus élevé. Les boursiers classent les devises en deux catégories : les devises de funding et les devises de carry.
Les devises de funding sont celles dont les taux d’intérêt sont faibles, permettant d’emprunter à moindre coût. Historiquement, le yen japonais a dominé cette catégorie. Suite à la stagnation économique des années 1990, la Bank of Japan a maintenu son taux directeur très bas, à 0,5 %, et l’a même abaissé à 0,1 % en décembre 2008 après la crise des subprimes.
Le dollar américain a également fait partie de cette catégorie. Après le 22 janvier 2008, la Fed a beaucoup réduit son taux directeur, le maintenant entre 0 % et 0,25 % de 2009 à 2016, rendant les emprunts en dollars pratiquement gratuits. Cependant, depuis mars 2022, les taux ont commencé à remonter.
Entre mars 2009 et août 2018, la livre sterling a aussi été une devise de funding avec un taux directeur de la Banque d’Angleterre chutant jusqu’à 0,25 %, et restant inférieur à 1 % durant cette période.
Les devises de carry sont celles avec des taux d’intérêt élevés, attirant les placements. Les devises des pays émergents, cherchant à attirer des capitaux étrangers, dominent cette catégorie. On y retrouve la livre turque, le rand sud-africain, le dollar néo-zélandais ou le forint hongrois.
Avant la crise des subprimes en 2007, le dollar américain, avec un taux directeur à 5,25 %, et la livre sterling, avec un taux à 5,75 %, étaient également des devises de carry. Les investisseurs vendaient massivement des yens pour profiter des écarts de taux d’intérêt, entraînant une dépréciation de la monnaie japonaise.
L’Islande a été une destination privilégiée pour les spéculateurs dans les années 2000 grâce aux taux d’intérêt élevés de sa Banque centrale. Cependant, la crise immobilière américaine a provoqué une crise bancaire en Islande, rendant les banques insolvables.
Le meilleur exemple de carry trade sur taux d’intérêt est la transformation bancaire, cœur de métier des banques de réseau. Elles utilisent les dépôts des épargnants (ressource gratuite ou de très faible coût) ou empruntent à bas taux (taux interbancaire, ou taux de la Banque centrale) pour prêter à plus long terme à un taux plus élevé, tant que la courbe des taux n’est pas inversée.
En conclusion, le carry trade peut sembler une stratégie gagnante en profitant des écarts de taux d’intérêt entre devises. Cependant, il comporte des risques significatifs, notamment en cas de changement brutal des politiques monétaires ou de crises économiques, pouvant entraîner des pertes considérables pour les investisseurs. Les banques et les investisseurs doivent rester vigilants face aux fluctuations des marchés et des taux d’intérêt pour minimiser les risques associés à cette pratique.
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