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Quel est le problème financier qui conduit l’OL à la relégation ?

Sous le viseur de la DNCG depuis plusieurs mois, L’Olympique Lyonnais et sont président John Textor sont relégués en Ligue 2 (ils ont 7 jours pour tenter de rester en Ligue 1). Quels sont exactement les problèmes financiers qui ont conduit le gendarme financier du foot français à faire exploser cette bombe ?

L’Olympique lyonnais, longtemps fleuron du football français, est aujourd’hui au bord du précipice. Officiellement toujours en Ligue 1, le club est menacé de relégation administrative à cause d’un déficit financier abyssal, d’une gestion contestée, et d’un projet économique qui s’enlise. Décryptage d’un désastre programmé. Le 24 Juin 2025, la DNCG a prononcé la relégation et l’OL a très peu de temps pour corriger le tir !

Une gestion financière déconnectée du terrain

Depuis son rachat fin 2022 par Eagle Football Group, dirigé par l’homme d’affaires américain John Textor, l’OL a basculé dans une logique financière pure. Objectif : rentabiliser un actif sportif comme on valorise une startup. Résultat : un gouffre financier s’est creusé, sans que les résultats sur le terrain ne suivent.

À peine 2 ans après cette acquisition, le club est asphyxié par une dette monumentale et ne parvient pas à dégager des recettes suffisantes pour maintenir l’équilibre.

Une dette colossale impossible à masquer

Au 30 juin 2024, la dette brute de la holding Eagle Football, propriétaire de l’OL et du Groupama Stadium, atteignait déjà 463,8 millions d’euros. À la fin de l’année, elle dépassait les 540 millions d’euros en intégrant les créances et les dettes liées aux transferts.

Ce chiffre seul place l’Olympique lyonnais parmi les clubs les plus endettés d’Europe. Et malgré les déclarations de John Textor sur un hypothétique refinancement, l’argent promis n’est toujours pas arrivé. Ni l’introduction en bourse d’Eagle Football à New York, censée rapporter 150 millions d’euros, ni la vente de ses parts dans le club de Crystal Palace n’ont abouti. Pire : la holding n’a même pas publié ses comptes au Royaume-Uni depuis plus d’un an, déclenchant un avertissement officiel.

Les sanctions de la DNCG tombent

Face à cette situation, la DNCG n’a pas traîné. Fin 2024, elle a infligé au club lyonnais une double sanction : encadrement de la masse salariale et interdiction de recrutement. En prime, elle a posé une menace très claire : si les finances ne sont pas rétablies d’ici la fin de la saison, l’OL sera rétrogradé administrativement en Ligue 2. Cette relégation ne dépend pas des résultats sportifs, mais exclusivement de l’état des comptes.

Des rustines budgétaires sans vision d’ensemble

Pour tenter de rassurer la DNCG, les actionnaires ont dû injecter 83 millions d’euros en urgence. Le mercato d’hiver a permis de générer 60 millions d’euros de recettes grâce aux ventes de joueurs. Un plan de départs volontaires a également été lancé pour alléger la masse salariale.

Mais cela ne suffit pas. Ces mesures sont des pansements sur une jambe de bois. Le club continue de dépenser plus qu’il ne gagne. Et les résultats sportifs, censés compenser à travers des revenus en Ligue des champions, sont insuffisants.

L’échec du modèle “multi-clubs” de John Textor

À la tête de plusieurs clubs (OL, Botafogo, Molenbeek, Crystal Palace), John Textor applique un modèle de mutualisation et de flux croisés. Mais cette stratégie montre ses limites : au lieu de créer des synergies, elle multiplie les dépendances. Les retards de versement, les transferts entre clubs du groupe et l’absence de résultats sportifs affaiblissent tout l’édifice.

Le fonds d’investissement américain Ares, qui a financé l’achat d’OL Groupe, commence d’ailleurs à s’impatienter. Certains évoquent même une reprise en main directe de la holding si les résultats ne s’améliorent pas.

L’UEFA entre dans la danse

Comme si la DNCG ne suffisait pas, l’UEFA a ouvert un dossier sur la situation financière de l’OL. Selon l’Équipe, un “accord négocié” serait en discussion : une amende de plus de 10 millions d’euros, accompagnée d’un encadrement renforcé des dépenses et des transferts.

Lyon risque donc à la fois une relégation en France et une exclusion des compétitions européennes. Le piège se referme.

Une vente massive à venir mais qui n’a pas convaincu la DNCG qui voit toujours des garanties financières insuffisantes

Sans plan B viable, le club devra sacrifier ses actifs les plus rentables cet été, comme l’a déjà été Rayan Cherki.

C’est après une nouvelle audition devant la DNCG fin Juin que la sanction conservatoire, prononcée en novembre dernier, a été confirmée. Selon l’instance, les garanties économiques fournies par le club ne sont pas jugées assez solides pour permettre son maintien en Ligue 1. Autrement dit, l’OL est rétrogradé pour des raisons purement financières.

Le club, dans son communiqué officiel publié tard dans la soirée du 24 juin, s’est dit « incompris ». Il affirme avoir répondu à toutes les exigences de la DNCG, notamment via des apports en fonds propres et la cession de ses parts dans le club anglais de Crystal Palace. L’Olympique lyonnais assure également disposer d’une trésorerie suffisante pour couvrir l’exercice 2025‑2026.

Un appel engagé dans l’urgence

Conformément à la procédure, le club dispose d’un délai de 7 jours pour faire appel de cette décision. Il compte saisir la commission d’appel de la DNCG, rattachée à la Fédération française de football. Cette démarche permet à l’OL de fournir de nouveaux éléments, notamment la preuve que les fonds promis ont bien été déposés sur les comptes du club.

Mais ce recours reste suspendu à l’interprétation de la même structure qui a validé la sanction initiale. Rien ne garantit donc que les arguments financiers du club seront enfin pris en compte.

Des voies de recours limitées et peu efficaces

En cas de rejet, l’Olympique lyonnais pourra saisir le CNOSF (Comité national olympique et sportif français). Mais cette entité n’est pas une juridiction indépendante. Elle se borne à vérifier la régularité de la procédure, sans possibilité d’intégrer de nouveaux documents ou éléments comptables. Autant dire que ses recommandations ont rarement inversé la tendance dans des dossiers similaires.

À défaut, le club pourrait porter l’affaire devant le tribunal administratif de Paris. Mais là encore, la jurisprudence est défavorable : dans la quasi-totalité des cas précédents, les juges ont confirmé les décisions de la DNCG.

Le spectre d’un scénario à la Bordeaux

Cette situation rappelle étrangement celle vécue par les Girondins de Bordeaux, relégués eux aussi pour des raisons financières malgré des tentatives de redressement. Les recours avaient été épuisés, sans succès. Pour l’OL, la perspective d’un retournement de situation judiciaire semble donc extrêmement mince.

Pire : si le club échoue dans son appel, cela pourrait ouvrir la voie à un repêchage en Ligue 1. Et selon les règlements en vigueur, le Stade de Reims, 16ᵉ du dernier championnat, pourrait bénéficier de cette place libérée, au détriment de l’Olympique lyonnais.

À peine la décision rendue publique, plusieurs figures historiques du club, comme Sidney Govou ou Jean-Michel Aulas, ont exprimé leur stupéfaction. Mais les réactions ne changeront pas le fond du problème : l’OL a payé au prix fort une gestion financière instable, malgré une saison sur le terrain bien plus convaincante que celle d’autres clubs maintenus.

Évidemment, le fait que John Textor se soit opposé à celui qui agit comme un véritable parrain mafieux dans le foot français, Nasser al-Khelaïfi, n’a sûrement pas arrangé les affaires de l’Olympique Lyonnais …

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