Depuis des années, l’univers des crypto-actifs échappait au cadre réglementaire traditionnel. C’est terminé. L’Union européenne impose désormais aux émetteurs et aux plateformes de crypto une batterie de règles issues du règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), entré en vigueur partiellement en juin 2024 et applicable dans son intégralité à partir du 30 décembre 2024. Officiellement, l’objectif est de « protéger les investisseurs » et « stabiliser les marchés ». En réalité, il s’agit aussi et surtout de mettre les cryptos sous contrôle administratif, avec les mêmes lourdeurs, les mêmes zones grises, et les mêmes effets pervers que dans la finance classique.
MiCA concerne 2 grandes catégories :
Tout acteur souhaitant proposer des services liés aux crypto-actifs dans l’UE devra être agréé, surveillé et transparent selon les critères définis par le règlement.
MiCA distingue les crypto-actifs en trois grandes catégories, chacune avec ses règles spécifiques :
Les deux premières catégories sont déjà sous le joug de MiCA depuis juin 2024. Les autres le seront à partir de décembre.
Tout émetteur de crypto-actif souhaitant lancer un jeton en Europe doit :
S’il s’agit d’un jeton adossé à des actifs (comme l’or ou le dollar), les contraintes grimpent d’un cran : agrément obligatoire, réserve d’actifs contrôlée, fonds propres minimaux (jusqu’à 2 % de la valeur de la réserve), plan de redressement en cas de crise, traitement équitable des détenteurs, etc.
Quant aux émetteurs de jetons de monnaie électronique, ils doivent obligatoirement être un établissement de crédit ou de monnaie électronique agréé, et respecter des règles strictes d’émission, de remboursement, d’investissement sécurisé des fonds reçus, et de communication au public.
Les plateformes et prestataires de services sur crypto-actifs n’échappent pas à la vague réglementaire. Pour opérer en Europe, il leur faut désormais :
Cerise sur le gâteau : ils doivent prévoir leur propre plan de liquidation. Autrement dit, anticiper leur propre chute, comme si l’échec était la norme.
MiCA déploie un dispositif de surveillance à plusieurs étages :
Ce millefeuille bureaucratique, typique de l’UE, risque fort de ralentir l’innovation tout en laissant planer l’incertitude juridique sur certaines pratiques ou technologies émergentes.
Malgré sa prétention à « tout réguler », MiCA n’encadre pas :
En clair : le citoyen lambda sera surveillé, les plateformes seront fliquées, mais les institutions publiques et les grands groupes échappent toujours à l’essentiel des contraintes.
Officiellement, oui. MiCA doit protéger les épargnants contre les dérives du secteur. Sauf qu’en pratique, les petits investisseurs vont surtout devoir :
Et les plateformes, pour éviter la paperasse, pourraient bien restreindre l’accès à certaines cryptos, ou carrément bloquer les utilisateurs non rentables.
Sur le papier, MiCA apporte une certaine clarté juridique. Mais dans les faits, c’est surtout un cadre administratif lourd, pensé par des juristes déconnectés du terrain, qui risque d’éteindre l’agilité d’un secteur encore en pleine expérimentation.
Les start-up devront se battre pour survivre aux contraintes de capitaux propres, à l’explosion des obligations de reporting, à l’inflation des procédures internes. Quant aux particuliers, ils risquent d’assister à une recentralisation du monde crypto : plus de surveillance, moins de diversité, et une innovation asphyxiée.
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