Le projet de loi de finances pour 2026 annonce un virage fiscal défavorable pour les retraités. Deux mesures phares vont transformer leur impôt sur le revenu : la disparition de l’abattement de 10 % sur les pensions, remplacé par un forfait fixe de 2 000 euros, et la suppression de l’abattement spécifique pour les plus de 65 ans. En clair, la majorité des ménages retraités verront leur impôt augmenter dès 2026.
Jusqu’à présent, les retraités bénéficiaient d’un abattement de 10 % sur le montant total de leurs pensions, avec un plancher de 450 € par personne et un plafond de 4 399 € pour le foyer fiscal en 2025.
Le gouvernement prévoit de remplacer cette déduction proportionnelle par un montant fixe de 2 000 € par personne, soit 4 000 € pour un couple. Ce changement figurera dans le budget 2026 présenté par le ministre de l’Économie Sébastien Lecornu.
Sur le papier, cette mesure semble neutre. En pratique, elle pénalise les retraités percevant des pensions moyennes ou supérieures. Un couple qui pouvait auparavant déduire 4 399 € ne pourra plus retirer que 4 000 € de son revenu imposable, soit 399 € de déduction en moins.
D’après les estimations de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 5,2 millions de ménages seraient directement touchés par cette réforme, avec une hausse sensible de leur impôt sur le revenu dès 2026.
Autrement dit, ce nouveau forfait de 2 000 € par personne allège légèrement la fiscalité des petites retraites, mais il alourdit la facture de la majorité des contribuables âgés.
C’est la deuxième mesure passée presque inaperçue mais beaucoup plus lourde pour les seniors modestes : la disparition de l’abattement pour âge, instauré de longue date pour les contribuables de plus de 65 ans et pour les personnes invalides.
Actuellement, cet abattement permet de retrancher du revenu global imposable :
Pour les couples dont les deux membres remplissent la condition d’âge, le montant est doublé.
Or, dès 2026, si le texte est voté sans modification, les seniors de plus de 65 ans perdront totalement cet avantage. Seuls les contribuables invalides continueront à en bénéficier.
Selon Élise Moras, directrice des études de l’ingénierie patrimoniale chez Meeschaert Gestion Privée, la perte moyenne serait de :
L’impact reste donc modéré en valeur absolue, mais il efface une mesure symbolique qui reconnaissait le coût de la vieillesse dans le calcul de l’impôt.
Combinées, ces deux réformes auront un effet mécanique de hausse d’impôt pour la majorité des ménages retraités. Ceux qui percevaient plusieurs pensions (retraite de base, complémentaire, et parfois réversion) verront la déduction totale chuter de plusieurs centaines d’euros.
Pour un retraité dont le revenu annuel s’élève à 25 000 €, la suppression de l’abattement de 10 % et du bonus pour âge pourrait entraîner plus de 100 € d’impôt supplémentaire. Pour un couple autour de 40 000 € de revenus annuels, la hausse serait bien plus sensible, pouvant dépasser 300 € par an.
Le gouvernement justifie ces suppressions par la nécessité de « moderniser un système fiscal devenu peu lisible et mal ciblé ». Officiellement, ces abattements seraient jugés “injustes” car ils bénéficient à des retraités aisés autant qu’à ceux aux revenus modestes.
Mais pour beaucoup d’économistes, la logique est purement budgétaire : l’État cherche à élargir l’assiette de l’impôt sans augmenter les taux. En d’autres termes, la réforme s’apparente à une hausse déguisée des impôts sur les pensions.
Selon l’OFCE, cette réforme accroît la charge fiscale sur les classes moyennes retraitées, déjà pénalisées par l’inflation et la désindexation partielle des pensions complémentaires.
Les retraités non imposables ou faiblement imposés ne verront pas leur situation changer, mais les autres perdront un avantage historique instauré pour compenser la perte de pouvoir d’achat liée à la retraite.
Le gouvernement, lui, estime que l’abattement pour âge « brouille la progressivité du barème » et que sa suppression « simplifie le calcul de l’impôt sur le revenu ». Une argumentation jugée fragile, car les retraités les plus modestes resteront certes exonérés, mais ceux de la classe moyenne supérieure supporteront la plus grande partie de l’effort.
Sauf revirement politique ou amendement parlementaire, la suppression des deux abattements entrerait en vigueur au 1er janvier 2026, avec effet sur les revenus de l’année 2026 déclarés au printemps 2027.
Cette réforme figure dans le projet de loi de finances pour 2026, dont le vote est prévu à l’automne 2025. Les débats s’annoncent vifs, car cette mesure touche une population électoralement sensible, dans un contexte où les retraites sont déjà au cœur des tensions sociales.
Les retraités concernés peuvent dès à présent :
Les conseillers en gestion de patrimoine recommandent de réévaluer sa stratégie fiscale avant fin 2025, notamment pour les ménages percevant des revenus complémentaires (revenus fonciers, placements, pensions de réversion).
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